Une opinion de Juliette Bauche, 18 ans, étudiante en première année en science politique à l’Université de Liège.
Aujourd’hui, j’ai eu une révélation. Elle m’est apparue comme un éclair de génie après quelques jours d’un malaise opaque. En effet, depuis la mort de George Floyd et le scandale international qui en a découlé, j’avais comme une gêne qui se déplaçait dans mon corps, un noeud, un manque de fluidité, quelque chose d’handicapant que je n’arrivais pas à sonder. Je l’ai laissée dormir pendant quelques jours mais celle-ci a fini par grandir et par exploser aujourd’hui… (…)
Cependant, associée à une bonne dose de courage, la honte est l’antithèse nécessaire, un moteur même. Une fois que l’on a eu le courage de l’accepter, il nous prend le besoin viscéral de ne plus être honteux. Il nous est désormais impossible de reposer notre ego sur notre blancheur, notre “fierté raciale” tant celle-ci est teintée d’autohumiliation. La seule solution qu’il nous reste est de tout mettre en oeuvre pour lutter contre ce qui humilie la classe des Blancs, à savoir son attitude oppressive envers les racisés. Nous avons tous besoin de nous identifier, à notre couleur de peau notamment, alors je veux pouvoir m’identifier à quelque chose de sain dont je peux être fière sans dénigrer d’autres population pour compenser. Nos mobiles altruistes auront beau nous attendrir à l’idée de lutter contre le racisme, rien de tel qu’un bon vieux mobile égoïste de préservation de l’image de soi pour enchaîner nécessairement l’intégralité de notre personne à la lutte antiraciste.
J’ai honte d’être blanche, je le répèterai haut et fort, n’en déplaise à l’ego d’un certain nombre de Blancs fiers de l’être, et je ne veux plus avoir honte. C’est entre autre pour ce mobile, sans conteste égoïste, que les personnes racisées peuvent me compter parmi leurs alliés.
J’ai honte d’être blanche, retenez bien ça.