À l’occasion des manifestations en hommage à George Floyd, plusieurs statues ont été déboulonnées ou vandalisées. Isabelle Barbéris y voit l’expression psychodramatique d’une haine de soi, au détriment de la complexité des événements historiques.
[…] Les manifestations actuelles expriment une polarisation religieuse et identitaire du vandalisme. La globalisation a entrainé de nouveaux phénomènes d’iconoclasme: la destruction des Bouddhas de Bamiyan en Afghanistan précéda de peu le 11 Septembre. L’affaire de la statue du Général sécessionniste Lee à Charlottesville en 2017 avait déjà mis en lumière un contexte nord-américain très tendu opposant le mouvement Black Lives Matter à des suprémacistes blancs trumpistes. Récemment dans l’Hérault, des militants d’Objectif France se sont enquis de «redresser» la croix du Pic Saint Loup dessoudée par un groupuscule se présentant comme laïque. Tous ces exemples sont des symptômes variés du nouvel âge identitaire. […]Cette régression identitaire s’était fait jour dans tout son ridicule lors de la polémique autour de la «blanchisation» de la statuaire grecque, l’an dernier. La radio publique expliquait doctement que la blancheur des sculptures antiques serait le résultat de «2000 ans d’histoire réactionnaire». Ce conspirationnisme est typique du militantisme décolonial, et on le retrouve dans le vandalisme de la statue de Churchill. […]
Que l’on ne vienne pas nous expliquer que cette folie identitaire sert la cause du peuple et des moins bien lotis. Outre qu’elle accentue le racisme contre lequel elle prétend lutter, elle accélère un processus plus vaste de liquidation.