La couronne britannique ne s’est jamais distinguée par son ouverture aux sujets issus des minorités. L’actualité liée à George Floyd relance le débat outre-Manche. Le correspondant du Point , à Londres, Marc Roche, s’interroge : «Les Windsor sont-ils vraiment racistes ?»
Churchill était-il raciste, comme l’indique le tag posé par un partisan du mouvement Black Lives Matter sur le socle de la célèbre statue de bronze sise au cœur de Londres, à Parliament Square ? Cette même interrogation est désormais d’actualité en ce qui concerne la famille royale britannique, en particulier la reine Elizabeth II.
En effet, à entendre les associations antiracistes, les minorités ethniques sont peu représentées à Buckingham Palace. Composé des dames de compagnie et des conseillers, le « cercle magique » de la cour est à 100 % blanc. Il a fallu attendre 2017 pour que la souveraine choisisse son premier écuyer noir, le lieutenant-colonel Nana Kofi Twumasi-Ankrah, natif du Ghana. La commandante en chef des armées a été longtemps réticente à ouvrir le régiment des gardes royaux aux militaires antillais ou issus du sous-continent indien. Le premier officier noir y a été accueilli en 2007, après une campagne musclée du prince Charles. Dans ses discours de Noël, très écoutés, épluchés, analysés, la reine n’a jamais dénoncé les discriminations ou la xénophobie, malgré les nombreuses émeutes raciales causées par les brutalités policières.
Le Palais se dit victime du mode de fonctionnement des familles antillaises ou asiatiques. À l’écouter, les parents préfèrent voir leurs enfants les plus doués choisir les professions libérales, les médias ou la fonction publique traditionnelle, jugés plus accueillants. Reste qu’à tort ou à raison, aux yeux des enfants d’immigrés de couleur, la royauté est toujours perçue comme un bastion du vieil ordre impérial, blanc-anglo-saxon-protestant. […]