Si la justice suit son cours, il en va tout autrement de l’Éducation nationale. Dans un courrier à la proviseure de l’ancien lycée de leur fille, le lycée Léonard-de-Vinci de Villefontaine (Isère), les parents de Mila s’inquiètent de l’inertie de l’institution. « Cela fait maintenant quatre mois que notre fille a dû être déscolarisée en raison des risques pour sa sécurité et devant l’ampleur des menaces provenant d’élèves de votre établissement. Or, à ce jour, nous n’avons pas été informés des dispositions prises à l’encontre de ses harceleurs », s’étonnent-ils dans cette lettre datée du 8 juin, transmise, en copie, au ministre de l’Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, et à la rectrice de Grenoble, Hélène Insel, et que Le Point a pu consulter. « Nous souhaitons savoir quelles actions pédagogiques portant sur la laïcité, la liberté d’expression au sujet de toutes les religions et la prévention du harcèlement ont été mises en place en direction de vos élèves. Nous savons que vous connaissez une grande partie des élèves impliqués. Nous n’accepterons pas que des mesures fermes et exemplaires ne soient pas prises », préviennent-ils.
Les parents de Mila disent également savoir, sur la foi de « témoignages », que des « événements similaires » s’étaient déjà produits dans le même lycée, avant que leur fille n’en fasse les frais, sans qu’aucune suite n’ait jamais été donnée. « Les parents d’élèves nous ont indiqué que l’administration en poste à cette époque avait fermé les yeux », poursuivent-ils dans leur missive, déclarant agir « au nom de la liberté d’expression » et « de la sérénité de nos enfants, pour les années à venir ». Et d’ajouter : « L’enseignement ne doit plus être en échec face à un sentiment d’appartenance religieuse, tellement fort dans certains quartiers et dans certains établissements, que l’idée de mettre à mort une adolescente de 16 ans pour des propos tenus sur l’islam paraît justifiée aux yeux d’un grand nombre. L’école de la République ne peut pas vivre sous le régime de la terreur religieuse. L’Éducation nationale se doit d’être intransigeante au sujet de la laïcité. » « L’Éducation nationale pourra-t-elle, à l’avenir, sauver d’autres Mila de la vindicte religieuse ? » s’interrogent enfin ses parents.