N’est-il qu’un jeune romantique ayant bravé l’enfer syrien pour récupérer sa dulcinée ? Ou un djihadiste qui, sous couvert de sentiments amoureux, s’est enrôlé dans les rangs de Daech au point d’accepter une opération kamikaze en France ? La cour d’assises spéciale de Paris examine à partir de ce mercredi le parcours atypique de Sébastien A., converti de 31 ans originaire de Moissac (Tarn-et-Garonne). Au cœur de son procès, un séjour express de trois mois en Syrie en 2014.
Tout au long de l’instruction, l’accusé n’a cessé de répéter qu’il était parti dans l’unique but de ramener son épouse, endoctrinée sur Internet. S’il est parvenu à rentrer en France aussi rapidement, dit-il, c’est en faisant croire aux responsables de l’Etat islamique (EI) qu’il allait se faire exploser dans un cinéma à Toulouse (Haute-Garonne). Mais l’accusation, elle, doute que le voyage de Sébastien A. se résume à la seule passion amoureuse. Et relève qu’il « a pleinement participé aux actions de l’EI » en Syrie…
Né à Montauban, Sébastien A. rencontre Halima B. Il se convertit alors à l’islam afin « d’être accepté de ses parents et pouvoir se marier avec elle ».
(…) Apprenant le départ d’Halima en Syrie, Sébastien A. « pète un câble » et s’enquiert de la ramener. Le jeune homme réunit ses économies et laisse une lettre à sa mère dans laquelle il déclare « qu’il va mourir en martyr en Syrie ».(…)
Il est formé religieusement et militairement, mais le jeune converti apprend que son épouse est parvenue à rentrer en France par ses propres moyens.
(…)Il convainc alors l’émir de l’envoyer en France commettre une mission suicide au kalachnikov. De retour dans le Tarn-et-Garonne, le Roméo du djihad se coupe les cheveux, rase sa barbe et renoue avec Halima B. (…) Curieusement, le couple vit sans jamais être inquiété pendant un an et demi. (…)
Néanmoins, l’accusation souligne que des expertises informatiques ont révélé des recherches sur Daech, les attentats et des produits airsoft depuis son retour.