TRIBUNE – En déclin aux États-Unis, la musique classique est critiquée par beaucoup comme «trop blanche», quoiqu’elle bénéficie de la faveur des jeunes Américains d’origine asiatique, analyse Paul May, professeur à l’université du Québec à Montréal (Uqam)*.
Certains phénomènes, peu médiatisés et peu spectaculaires, sont pourtant révélateurs de transformations profondes à l’œuvre dans nos sociétés. C’est le cas du déclin de la musique classique aux États-Unis. Confrontée depuis plusieurs années à une diminution constante de son public, la musique classique est aujourd’hui accusée d’être inadaptée à la diversité ethnique croissante de la population du pays, à tel point que sa survie à long terme se trouve questionnée. Sociologiquement, l’enjeu est symbolique: l’une des pratiques culturelles majeures de l’élite du pays depuis sa fondation est explicitement appelée à se transformer ou à disparaître.
Les chiffres sont inquiétants: une étude réalisée par le National Endowment for the Arts rapporte que la proportion d’adultes ayant assisté à un concert de musique classique au cours de l’année précédente était passée de 13 % en 1982 à 8,6 % en 2017. Entre 1982 et 2002, la part des spectateurs de moins de 30 ans a chuté de 27 % à 9 %.