Le rapport psychiatrique, teinté de relents de colonialisme et de racisme, a-t-il entraîné l’incarcération d’un Africain ? C’est l’opinion de Me Tarek Koraitem, avocat, dont le client, un Mauritanien de 36 ans, comparait, devant le tribunal. L’homme y est jugé pour une agression sexuelle commise sur une adolescente de 16 ans, mentalement retardée, en octobre 2016.
Une jeune fille confie qu’ elle vient d’être violée « par un inconnu ». (…)
Dans son rapport, le médecin fait notamment remarquer qu’il n’est pas marié. « Il est vrai que dans le contexte culturel qui est le sien, il n’a pas forcément amassé toute la somme nécessaire à un mariage », analyse-t-il. L’expert note aussi que le sujet ne fait preuve d’aucune empathie. « Il ne dément pas ce viol, qui n’est pas un fait exceptionnel commis pour la première fois. Notre expérience de l’Afrique noire où nous avons exercé un an dans le cadre d’un volontariat actif du service national en 1986, nous a appris que la manière de procéder de cet homme était assez courante au Cameroun et pratiquement dans les mêmes circonstances, développe le psychiatre. Il est donc dangereux, et présente un risque élevé de récidive et n’a à aucun moment prononcé un mot à l’égard de sa victime. Il ne souffre d’aucune pathologie mentale et après trente ans de bain culturel (NDLR : de vie en Afrique), il ne peut être curable. Quant à sa ré-adaptabilité, elle est fortement mise en doute. »
« Ce rapport est tellement à charge que nous avons même dénoncé cet expert auprès de la cour d’appel de Versailles pour qu’il soit sanctionné », commente Me Koraitem.