Emmanuel Macron voulait effacer le vieux clivage droite-gauche, le « dépasser », disait-il. A Paris, l’objectif est totalement raté. La carte politique issue des élections municipales le montre. La capitale se retrouve coupée net en deux selon une ligne classique depuis plus d’un siècle. A l’ouest, les arrondissements les plus bourgeois votent à droite, de façon parfois très massive, comme dans le 16e, où la liste Les Républicains obtient plus de 76 % des voix. A l’est, les quartiers plus populaires plébiscitent la gauche, à l’image du 19e arrondissement, dans lequel Anne Hidalgo récolte près de 68 % des suffrages.
Depuis 2017, la victoire d’Emmanuel Macron et de ses soutiens puis le succès des écologistes avaient pourtant modifié la donne. Aux européennes, les anciens bastions socialistes du nord-est avaient porté en tête la liste écologiste menée par Yannick Jadot. La droite traditionnelle, de son côté, avait cédé la première place à La République en marche (LRM) dans les beaux quartiers et au-delà.
Les municipales de 2020 marquent le retour à la division traditionnelle de la ville. Alliés aux communistes et aux écologistes, les socialistes emmenés par la maire sortante Anne Hidalgo obtiennent neuf arrondissements sur dix-sept, en conservant ceux qu’ils contrôlaient depuis 2014 sans en conquérir de nouveaux. Les huit arrondissements restants, tous situés à l’ouest ou au centre, demeurent aux mains de maires de droite, qu’il s’agisse d’élus Les Républicains (LR) ou, dans deux cas, d’ex-LR passées dans la galaxie macroniste : Florence Berthout dans le 5e, Delphine Bürkli dans le 9e. […]