J’ai interrogé ailleurs les motivations possibles d’un tel naufrage éthique : une panique identitaire sincère, autrement dit, un racisme viscéral ? Un calcul électoraliste cynique, consistant à promouvoir l’extrême droite pour s’assurer un nouveau « second tour imperdable » ? Ou bien les deux ?
Mais cette question n’est au fond pas la plus urgente. Le plus préoccupant n’est pas la cause mais l’effet d’un tel positionnement : celui qui fut surnommé, non sans raison, « le président des ultra-riches » se « réinvente » en président des ultras blancs ou, si l’on préfère, des suprémacistes. Et cela n’augure rien de bon, ni en termes électoraux, ni en matière de climat social. C’est tout simplement le principe constitutionnel d’égalité qui se trouve attaqué, mais aussi la simple possibilité du vivre-ensemble.
Pierre Tevanian est philosophe, enseignant, co-animateur du collectif Les mots sont importants. Auteur, notamment, de Dévoilements (éditions Libertalia, 2012) et La Mécanique raciste (éditions La Découverte, 2017).