Le conspirationnisme pullule depuis que le monde est monde et a connu une recrudescence avec l’arrivée du coronavirus. Toute cette semaine, «Le Temps» vous propose de revenir sur les rouages de cinq grandes théories du complot.
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Evaluons donc la thèse avancée par Renaud Camus. D’un point de vue démographique, le phénomène qu’il décrit trouve-t-il un écho?
Absence de bases démographiques
Afin de la justifier, les partisans de la théorie du «Grand Remplacement» assurent que les taux de fécondité sont plus élevés chez les populations issues de l’immigration. Pour Laura Bernardi, professeure de démographie et de sociologie à l’Université de Lausanne, le grand remplacement n’a pas de bases démographiques. «Il faudrait déjà une définition claire de qui sont les immigrés et qui sont les autochtones. Si même on considérait comme autochtone les natives, les personnes nées sur un territoire donné, toutes les études montrent que les taux de fécondité des immigrés en Europe s’adaptent en l’espace d’une génération et ressemble à celui des natives.»
Dans un entretien opposant Renaud Camus au démographe français Hervé Le Bras sur France Culture en juin 2017, ce dernier précise que le grand remplacement à l’œuvre n’est pas celui d’un peuple par un autre, mais d’un peuple par une population d’origine mixte. Une mixité des unions et des origines qu’il juge nécessaire pour le progrès.
Et quand Renaud Camus assure que «les vieillards sont Français de souche mais les nourrissons sont Arabes, Noirs et volontiers musulmans», Hervé Le Bras lui oppose des chiffres de l’Insee, qui publie l’origine des naissances en France selon que les parents sont immigrés ou non. En 2018, 75% des enfants nés en France avaient deux parents français.
Mais Renaud Camus refuse de se fier aux chiffres et préconise plutôt de se promener dans la rue et «d’ouvrir les yeux» afin d’y observer le phénomène.
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Sur les prévisions d’évolution des taux de fécondité :
https://www.fdesouche.com/1225439-jean-laherrere-en-afrique-les-ong-leur-ont-apporte-la-medecine-pour-diminuer-la-mortalite-mais-ils-nont-pas-apporte-la-pilule-pour-la-natalite