Dans une lettre ouverte, l’ancien président du Cran rappelle au chef de l’Etat une «trace du passé» qu’il ne faut pas oublier, celle de l’histoire du palais présidentiel, construit il y a trois siècles grâce à la fortune du plus riche négrier de France, Antoine Crozat.
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Sauf à vouloir déménager, cet héritage négrier et criminel, vous devez l’assumer. Que vous le vouliez ou non, ce palais négrier est aujourd’hui votre palais. Il vous appartient, M. le Président, de faire en sorte que les traces de ce passé ne soient pas effacées, car «on doit accepter l’histoire», comme votre épouse et vous-même l’avez à juste titre affirmé. C’est pourquoi, ne pouvant ni déserter les lieux, ce qui serait absurde, ni ignorer le passé, ce qui est (désormais) impossible, vous devez faire en sorte que les «traces» de l’histoire soient clairement connues de tous.
C’est tout le sens de votre engagement. Vous qui avez, pendant la campagne pour la présidentielle, affirmé que la colonisation fut un crime contre l’humanité, vous qui avez fait droit à la demande du Cran en acceptant de restituer les trésors coloniaux, nous vous invitons à créer dans la cour de l’Elysée un mémorial en hommage aux esclaves, qui fasse la transparence sur l’origine des fonds qui ont permis de bâtir l’Elysée. Car ces capitaux, qui étaient des biens mal acquis, sont une trace invisible de ce passé, qui doit être assumée et expliquée.
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