Elus et forces de l’ordre peinent à lutter contre cette pratique d’acrobaties en motocross, parfois dangereuses et qui exaspèrent les riverains.
Rue Pierre-Brossolette, une ligne droite de 400 mètres au milieu des bâtiments cubiques de la cité Rougemont, à Sevran (Seine-Saint-Denis). «Bienvenue sur les Champs-Elysées de la moto !», sourit un jeune homme surnommé « Requin » par la dizaine de camarades du quartier avec qui il assiste au spectacle, assis sur un trottoir des « Champs-Elysées » en question. […]
«Ça fait partie du paysage d’entendre “brr brr brr”. Quand t’entends ça le matin, t’as le sourire, tu sais que la journée va bien se passer», explique Requin. A ses côtés, Demba, 20 ans, qui grimpait derrière les grands dès l’âge de 10 ans avant de «faire [ses] sous tout seul» et d’acheter sa propre moto à 15 ans : «La vitesse, les sauts, l’adrénaline, c’est un kif de ouf… Quand t’es sur la moto, t’es entre le ciel et la terre. Tu kiffes ta vie, t’as pas faim, c’est comme si t’étais riche ! J’en fais tout le temps, je peux flinguer [rouler] de midi à minuit», avec une petite pause de temps en temps pour reposer les avant-bras.
« Ici, les jeunes préfèrent avoir une relation avec une moto qu’avec une fille», résume Requin. «C’est pas faux, sourit Demba. La moto, c’est là, dans le cœur. Le jour où j’arrête d’en faire, c’est qu’il me manque un bras ou une jambe.» […]