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Projet expérimental rattaché à l’hôpital psychiatrique du Vinatier, L’Espace accueille des personnes exilées en souffrance psychique – des Africains pour la plupart – pour des ateliers, des jeux ou simplement un café.

Chaque jour ou presque, il débarque dans cette pièce avec un sourire de petit garçon. A peine arrivé, le voilà assis sur le canapé, prêt à affronter au Puissance 4 son adversaire du jour : une psychologue. Obi [le prénom a été changé], un Nigérian d’une trentaine d’années, s’étire avant de se concentrer, comme si son existence était en jeu. C’est que ce duel est bien plus qu’un simple passe-temps et bien moins anodin pour lui qu’un jeu. « Ici, je ne pense à rien de négatif. J’oublie tous mes problèmes», confie-t-il en anglais. L’Espace est le chez-lui que l’homme n’a pas trouvé en France et a perdu au Nigeria ; un local où lui comme beaucoup d’autres tentent d’oublier l’effet déshumanisant de la route migratoire, l’anéantissement lié au fait d’être considéré par la négative : sans-papiers, sans-domicile. […]

Depuis le début des années 2000, de plus en plus de migrants, notamment africains, éprouvent une grande souffrance à leur arrivée en France, comme le rappelle Lou Einhorn, l’une des psychologues de l’Orspere-Samdarra : «Le sentiment de non-accueil, la lenteur de l’administration, le racisme, l’inconfort… Ils vivent quelque chose de très violent. Et cette violence peut renforcer des problématiques mentales préexistantes.»[…] «Nous voulons un accueil inconditionnel, qui réhabilite chacun en tant qu’humain, avance la psychologue Zelal Bal. Qui sorte les gens de leur assignation de victime.» […]

Le Monde

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