Incarnation vivante de l’autorité républicaine, Jean-Pierre Chevènement, le « Che », est régulièrement consulté par l’actuel président de la République. Il a accordé une longue interview au Point.
[…] Je suis beaucoup moins sévère que la plupart des commentateurs sur la gestion de la crise par Emmanuel Macron. À part la pénurie de masques que nous aurions pu éviter si on avait maintenu la politique de stocks stratégiques définie il y a dix ans, les mesures prises pour indemniser le chômage partiel ou pour accorder aux entreprises des prêts garantis par l’État ou encore pour reporter les charges sociales et fiscales ont permis jusqu’à présent de préserver notre tissu entrepreneurial. […]Le souverainisme redevient à la mode… Vous devez en être content ?
Je n’aime pas employer ce mot, qui est source de confusion avec certaines expressions que je ne fais pas miennes. Je me dis simplement républicain. Je me garde des amalgames. Je suis pour la souveraineté nationale, intitulé du titre premier de la Constitution de 1958, parce qu’elle est la condition de la République. Je considère que les étrangers venus sur notre sol ont vocation à s’intégrer à la République. Ils ne doivent pas être rejetés a priori ; en même temps, la politique d’immigration dépend de la capacité d’intégration du pays d’accueil. Il faut tenir les deux bouts de la chaîne. […]
Le mouvement indigéniste ou décolonial fraie la voie à l’apartheid et à l’extrême droite. Les Républicains doivent le combattre résolument. Contrairement à la lutte des classes qui a nourri le réformisme social, la lutte des races n’offre aucune perspective de progrès. Il ne faut pas céder à l’intimidation des partis décoloniaux, des réunions de « racisés » et autres manifestations de déconstruction du modèle républicain. […]
Supprimer quatorze tranches nucléaires, et donc renoncer à la production d’une électricité décarbonée et peu chère, n’a pas de sens. […]Un pays se suicide-t-il avec plus de méthode ? […] Les électeurs des métropoles ne sont pas tout l’électorat. S’il s’agit d’imposer un diktat idéologique à la société, je crains qu’on aille vers des tensions qui nourriront l’extrême droite. […]
Pourquoi la gauche a-t-elle abandonné à Le Pen en 1984 la défense de la nation ? Pourquoi a-t-il fallu qu’en 1985 je rétablisse, en tant que ministre de l’Éducation, l’apprentissage de la Marseillaise sous les quolibets d’une partie de la gauche ? Nous sommes un pays pluriethnique, pluriconfessionnel, mais pas pluriculturel : il y a une culture française. […]