A Saint-Cyr, le creuset des officiers de l’armée de terre française, une réforme profonde des formations démarre en cette rentrée 2020. L’état-major veut façonner autrement ses futurs cadres – 450 dans les promotions en cours. « Déficit d’épaisseur humaine », ont en effet tranché les généraux. La ministre des armées, Florence Parly, devait prendre la mesure de ce projet, lundi 7 septembre, lors d’une visite du campus des écoles de Saint-Cyr Coëtquidan, à Guer (Morbihan). (…)
Le nouveau mot d’ordre est partagé avec d’autres écoles d’officiers dans le monde, à commencer par la célèbre West Point américaine : il s’agit de « forger des caractères ». « La société française s’est éloignée du tragique et de l’histoire. Elle ne prépare pas ces jeunes aux responsabilités exorbitantes qu’ils auront à 25 ans, l’âge des premiers engagements opérationnels, des premiers morts. Nous devons les faire mûrir le plus vite possible », estime le général. C’est un détail, mais quand les élèves arrivent, on leur prend désormais leur téléphone portable.
Le sujet n’est donc pas celui des compétences – les aspirants deviennent vite de très bons techniciens de la manœuvre militaire. Ils devront développer des qualités choisies : « combativité », « autorité », « intelligence », « humanité ». C’est autour d’elles qu’une revue des copieux programmes actuels est engagée. « Je n’ai pas besoin de rajouter des heures de tir, mais d’élever les esprits », explique le général Collet. Les professeurs civils, surnommés les « rats », enseigneront désormais dans certains cours en binôme avec les instructeurs militaires.