Il aura fallu attendre plus de vingt ans pour qu’une vérité émerge. Vingt longues années de souffrance et d’espoirs déçus pour les proches de Mathieu Hocquet. Le 13 juillet 1999, le corps supplicié de ce jeune homme de 22 ans est retrouvé dans un fossé dans un secteur isolé de Vierzon (Cher). L’autopsie révèle de multiples lésions au visage, sur le thorax, sur les jambes et une importante plaie à la tête, vraisemblablement occasionnée par une pierre. Il présente aussi des blessures à l’arme blanche. […]
Le 17 avril 2018, Cyril B. est placé en garde à vue. Et se met à table. Il raconte que, la nuit fatidique, il a utilisé la voiture de son père pour conduire trois de ses connaissances, Bouchaïb M., Samir B. et Driss B. dans le centre-ville de Vierzon où ils devaient « prendre un jeune » avec pour objectif de « se faire le Packman ». Samir B. et Bouchaïb M. seraient sortis du véhicule avant de revenir avec le jeune homme, la tête recouverte. « Le mec ne voyait rien, il était visiblement tenu de force et apeuré, et là c’est la descente aux enfers », détaille-t-il devant le juge d’instruction. […] Cyril B. explique qu’il n’a pas assisté à la suite mais rapporte avoir entendu les trois hommes réclamer un code de coffre puis les cris de la victime. […]
(…) Longtemps, ce qu’on appelle encore à Vierzon « l’affaire Mathieu Hocquet » est restée un mystère épais. Et au fil du temps, ce qu’on nomme un cold case, une affaire non élucidée. Longtemps aussi, les enquêteurs locaux, rapidement dessaisis au profit de la direction interrégionale de la police judiciaire d’Orléans, se sont heurtés à un mur.
Le 12 juillet 1999 au soir, Mathieu Hocquet sort de chez lui, rue Victor-Hugo, en centre-ville, pour promener son chien. Salarié à Packman, une enseigne de restauration rapide de l’époque, le jeune homme rejoint le square Lucien-Beaufrère, près de la mairie. (…) Sa trace se perd près de la mairie. Sur la base des déclarations d’un témoin qui aurait vu la victime, près de l’hôtel de ville, « traînée par deux hommes », la justice ordonne une reconstitution qui n’éclaire pas vraiment les faits.
Le 13 juillet 1999 (…) le corps de Mathieu Hocquet est retrouvé près d’un arbre, à trois kilomètres de chez lui. Il a été roué de coups, sans doute frappé par un bâton et/ou une pierre (…) En 2005, un non-lieu tourne la page de cette affaire. Mais en 2017, à la faveur d’un coup de téléphone anonyme, l’instruction redémarre, comme le prévoit le code de procédure pénale.
Le portrait de Mathieu Hocquet, le poing sous le menton, a longtemps hanté la ville de Vierzon.