C’est entre Rennes et Cesson-Sévigné (35) que le Minitel fut inventé à la fin des années 1970. Commercialisée en 1980, cette invention hissa la France au premier rang de la télématique mondiale. Bernard Marti, polytechnicien et père du Minitel, raconte l’aventure de cette réussite française.
“L’État cherchait une innovation importante qui permette de poursuivre le développement de l’industrie française des télécommunications. On nous a donné carte blanche pour imaginer le prochain média de masse. C’était une belle époque : l’âge d’or de l’entreprise publique. Les crédits coulaient à flots. Nous travaillions pour le long terme, pas pour les profits du lendemain.”
La première expérimentation de taille a lieu en Russie. Lors des Jeux olympiques de 1980, le Minitel sert à documenter les journalistes sportifs. Dans le même temps, à Saint-Malo, une cinquantaine de foyers testent l’annuaire électronique. En 1985, un million de foyers français l’utilisent. Des horaires de trains au Minitel rose, les services pullulent.
Dans le même temps, aux États-Unis, une autre innovation pointe son nez : Internet. “Aujourd’hui, je suis toujours un peu amer, souffle l’ingénieur. Ce sont de mauvais choix commerciaux qui ont fait décliner le Minitel. Les directeurs n’ont pas voulu aller vers l’image. Du coup, Internet nous a coiffés sur le poteau.”
Ironie technologique : les recherches de Bernard Marti et son équipe ont également servi au développement d’Internet. Les PTT sont propriétaires de 40 % des brevets du JPEG et de 60 % de ceux du MP3. Grâce à eux, France Télécom touche des sommes considérables. Mais Bernard Marti n’a perçu pour son invention qu’une prime de Noël. “Mais j’avais mon salaire… C’était l’essentiel. J’ai été très heureux.”