De plus en plus de Français ont pris l’habitude de se faire justice eux-mêmes, en marge du cadre légal. Ce phénomène, facilité par la révolution numérique, traduit une défiance grandissante à l’égard des principes de la justice républicaine. Et une soif de vengeance.
On pourrait appeler ça l’« esprit Punisher ». Dans l’univers de la bande dessinée Marvel, cet antihéros (Punisher) vêtu d’un costume noir moulant orné d’une immense tête de mort traque les criminels, les violente, les tue parfois. Les livrer à la justice ne l’intéresse pas. Frank Castle, son nom dans le civil, ne fait plus confiance au système judiciaire américain, gangrené par l’incompétence et la corruption.
En France, personne ne sort armé jusqu’aux dents pour nettoyer les rues. Pourtant, de façon moins spectaculaire, c’est bien cette logique qui s’impose désormais à chaque agression physique diffusée sur les réseaux sociaux. Quelques heures plus tard, les coordonnées personnelles du délinquant présumé sont divulguées par des citoyens. Immanquablement, celui-ci est aussitôt criblé de menaces. Des groupes similaires se sont donné pour mission de débusquer les pédophiles en ligne en se faisant passer pour des enfants.
Apprentis détectives
À côté de ces vengeurs, d’autres citoyens s’organisent pour pallier les carences de l’État en matière de sécurité.