Sur le papier, la voie vers la Maison-Blanche semble toute tracée pour Joe Biden. Le candidat démocrate caracole en tête des sondages nationaux avec 7 points d’avance et se présente en très bonne posture dans les swing states du Minnesota, de l’Arizona et du Wisconsin. Le site d’analyse de datas Fivethirtyeight lui donne ainsi 77% de chances de l’emporter. Les sondages peuvent être au beau fixe, chez les démocrates, nul n’a oublié la déconvenue d’Hillary Clinton, terrassée par Donald Trump en 2016 malgré son statut de grande favorite. Quiconque voudrait doucher son optimisme n’a qu’à se rendre sur un célèbre réseau social. «Écoutez bien, les gens de gauche. Si vous pensez qu’il est impossible que Donald Trump soit réélu en novembre, allez donc jeter un œil sur Facebook», écrit le journaliste Kevin Roose dans le New York Times.
Roose n’est pas journaliste politique, il est journaliste tech. C’est ce qui le rend d’autant plus inquiet. «Je suis plongé depuis plusieurs années dans les datas des pages Facebook, déclare-t-il sur CNN. Et je suis frappé de voir à quel point la droite pro-Trump est dominante dans les derniers mois. La presse mainstream ne comprend pas du tout ce qu’il se passe sur Facebook. C’est un univers réellement parallèle, dans lequel Trump a géré magistralement la crise du Covid et dans laquelle les émeutes autour de Black Live Matters à Portland sont l’info la plus importante au monde.»