Extraits de l’éditorial du Monde sur les propos d’Eric Zemmour relatifs aux délits commis par des «mineurs étrangers isolés».
Quelques jours après avoir été condamné pour injure et provocation à la haine, Eric Zemmour, le chroniqueur d’extrême droite de la chaîne de Vincent Bolloré, a de nouveau tenu des propos qui tombent sous le coup de la loi. Face à cette dérive, le CSA semble impuissant.
[…] Ses paroles, mises en valeur par les molles interrogations de la journaliste Christine Kelly, évoquaient douloureusement celles qui, dans l’histoire, ont attribué des caractéristiques repoussantes et des intentions pernicieuses à l’ensemble des membres d’une communauté, avant d’appeler le public à les chasser. […] Plus question de plaider le « dérapage ». […]Dans ce contexte, les moyens dont dispose le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), régulateur du secteur, paraissent inadaptés. Certes, cette instance ne doit pas être érigée en censeur. Le procès du drame de Charlie Hebdo rappelle la valeur inestimable de la liberté d’expression. Mais ses « mises en demeure » répétées sont manifestement vaines, y compris lorsqu’elles visent des comportements punis par le code pénal. Condamné en correctionnelle, Eric Zemmour récidive immédiatement, ridiculisant la décision de justice. Non affilié à un parti politique, le chroniqueur dispose d’une longue tribune quotidienne, dont le temps d’antenne n’est pas comptabilisé par le CSA au titre de l’obligation de pluralisme. […]
L’obligation de « maîtrise de l’antenne », dont le Conseil supérieur de l’audiovisuel est le garant, devrait conduire à des sanctions lourdes pour la chaîne de télévision, seul moyen de mettre fin à la diffusion de contenus manifestement illégaux.