M’jid El Guerrab avait eu en 2017 une violente altercation avec Boris Faure, premier secrétaire de la fédération PS des Français de l’étranger, au cours de laquelle il lui avait porté deux violents coups de casque. Il encourt jusqu’à trois ans d’emprisonnement et 45 000 euros d’amende. Il est l’auteur du livre « Déconstruire la haine – Deux années au palais Bourbon », paru aux éditions Alma Editeur. Ardent défenseur du droit de vote pour les étrangers extra-communautaires, il a accordé un entretien au site musulman oumma.
Vous affirmez, malgré votre fonction actuelle, ressentir toujours en vous le « complexe de l’imposteur », ce complexe dont souffrent les personnes issues de milieux modestes et auquel le temps ne fait rien ?
En effet. Ce que j’appelle le complexe de l’imposteur, c’est ce sentiment étrange que ressentent les personnes issues des milieux modestes lorsqu’elles accèdent à un nouveau statut social. L’idée qu’elles doivent leur réussite à un concours de circonstances, dont elles ne sont pas vraiment à l’origine. […]
Votre livre aborde également une question sensible : celle du droit de vote pour tous. Vous estimez profondément injuste le fait que des étrangers extra- communautaires ne puissent pas voter aux élections municipales hexagonales. A l’heure de l’extrême droitisation du débat public, comment mettre en lumière l’iniquité d’une telle exclusion ? Rappelons que ce sujet épineux fut une promesse non tenue de la gauche.
Effectivement, ce fut une promesse de la gauche, et je regrette que cette gauche se soit perdue dans un débat sur la déchéance de nationalité, alors qu’elle pouvait consacrer une promesse électorale : le droit de vote des étrangers. Mais ça c’est un autre sujet. […]
Rappelons, pour mettre fin à un grand fantasme, que l’immense majorité des étrangers qui vit en France aime ce pays, travaille dans ce pays, élève ses enfants ici et paye des impôts qui bénéficient à toute la collectivité. Parmi ces étrangers, vous avez ceux qui votent, les Européennes et les Européens, et vous avez ceux qui sont exclus : les Africains. N’est-ce pas injuste ?
La gauche a paralysé la France pendant un an pour faire le droit au mariage pour tous. N’aurait-elle pas pu faire le droit de vote pour tous ? Je ne comprendrai jamais ce courage relatif pour les uns ou pour les autres. A l’époque, j’étais conseiller ministériel et l’on m’a expliqué que ce n’était pas une revendication populaire massive…
J’ai toujours été en faveur du droit de vote des étrangers. Je persiste et je signe.