Gabriel Robin est essayiste. Il a notamment publié Le non du peuple (Éditions du Cerf, 2019).
Invité de Face À BFM mardi 20 octobre, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a soulevé le problème du halal. Si le séparatisme culinaire est rarement évoqué, il s’agit pourtant d’une difficulté immense pour le «vivre ensemble». Saint Paul lui-même n’avait-il pas invité à sa table les païens afin de partager un repas?
On pourra lui rétorquer que des maux qui nous affligent, les rayons de produits culinaires religieux sont vraiment les moindres. On pourra aussi lui répondre que les pratiques religieuses commencent souvent par des interdits alimentaires, en tout cas pour les grands monothéismes abrahamiques, y compris le christianisme qui interdit la consommation de viande les vendredis. Du reste, les «marches de sans-papiers», agressions quotidiennes, le deal, le désordre et l’islamisme associatif sont beaucoup plus gênants que trois merguez halal dans un hyper.
Il y a toutefois un vrai sujet du halal que monsieur Darmanin a évité, probablement par méconnaissance. Le halal est avant tout un business extrêmement profitable à trois acteurs principaux: Isla Délice, Wassila (Casino) et Réghalal. Ils sont les principaux détenteurs de cette filière. Une filière qui est paradoxalement à la limite de la légalité. En effet, si l’abattage sans étourdissement préalable n’est autorisé qu’à titre dérogatoire en France, il est aujourd’hui presque devenu la norme.