L’éducation nationale a tendance à mettre la poussière sous le tapis sur la question de l’islamisme, analyse Raphaël Doan. Selon l’agrégé de lettres classiques, l’école doit encourager et soutenir davantage les enseignants qui sont en première ligne, en particulier les plus jeunes. Il s’en fait le porte-parole.
[…] Aujourd’hui, la politique quotidienne du ministère dissuade activement les enseignants qui ont le courage, précisément, de ne pas reculer. Elle les dissuade aussi de s’exprimer sur les difficultés qu’ils rencontrent.Des majorités d’élèves incapables de comprendre qu’il est anormal que la lycéenne Mila soit menacée de mort. Un lycéen qui crie «Allah Akbar» en montant sur sa table au début d’un cours sur la laïcité. D’autres qui rappellent régulièrement et brutalement à l’ordre leurs camarades s’ils ont le malheur de dire quelque chose – sur l’avortement, la laïcité, le mariage pour tous – qu’ils estiment contraire à leur religion. Des cours sur la Shoah ou le génocide arménien contestés, quand ils peuvent avoir lieu, par des jeunes convaincus de détenir la vérité. Et enfin des menaces plus ou moins ouvertes, de l’intimidation voilée à des élèves qui annoncent sans ciller à leur professeur qu’il mériterait de se faire égorger.[…]
Tout cela, certains professeurs osent aujourd’hui le dire, mais ils ne sont que la pointe émergée de l’iceberg, car quantité de jeunes enseignants ne peuvent pas se permettre de le signaler en public. C’est la raison pour laquelle je me permets de parler pour eux. […] Pour avancer leur carrière, proviseurs et recteurs doivent démontrer que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes au sein de leurs établissements. Dans les autres ministères, les corps d’inspection (inspection générale des finances, de l’administration, des affaires sociales, etc.) ont pour but de mettre au jour les dysfonctionnements. […]