Pour l’ancienne journaliste Nahida Nakad, consultante en relations internationales au sein du think tank Public Diplomacy et spécialiste du Moyen-Orient, le président turc est engagé dans une politique délibérée d’entrisme et de déstabilisation dans plusieurs pays du monde, dont la France. La Turquie, note-t-elle, est « le premier pays en matière de financement de l’islam ». Si le président turc « soutient l’islam politique en Libye et des mouvements islamistes en Syrie », il est surtout « un leader expansionniste qui utilise la religion pour intervenir dans différentes régions du monde et chercher à les contrôler ».
Quelle est l’influence de la Turquie en France ?
NAHIDA NAKAD. C’est le premier pays en matière de financement de l’islam. Car son président, Recep Tayyip Erdogan, a mis au cœur de sa politique étrangère un islam conquérant. Il y a aujourd’hui en France 151 imams issus de la Turquie, dont 65% se trouvent être des fonctionnaires de ce pays. Ils suivent donc à la lettre l’idéologie décrétée par les autorités. A titre de comparaison, il y a 120 imams venus d’Algérie et 30 du Maroc. Des pays dont les ressortissants sont pourtant bien plus nombreux sur notre territoire.
(…) La France dispose de la plus grande communauté musulmane en Europe. C’est pour cela qu’Erdogan accorde autant d’importance à notre pays. Souvenez-vous de sa visite officielle à Paris en janvier 2018. Il en avait profité, en marge d’une rencontre à l’Elysée, pour mobiliser la communauté turque avant l’élection présidentielle.