Reportage – Depuis le début de l’été, près de 2 500 Algériens ont rejoint les côtes de la région de Murcie. Cela s’explique par la fermeture des frontières en Algérie du fait de la crise du Covid-19, et par la détérioration de la situation sociopolitique.
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C’est là que, deux semaines plus tôt, début octobre, Djilali a embarqué avec douze compatriotes à bord d’un canot pneumatique de 4,80 mètres, équipé d’un moteur de 30 chevaux, acheté en commun pour 1 500 euros. Le flash leur a bien servi pour avancer dans la nuit durant les vingt heures d’une traversée de 150 kilomètres jusqu’aux criques de la ville portuaire de Carthagène. Désormais, Djilali n’en a plus besoin. « Je vais à Bordeaux rejoindre mon frère, explique-t-il en souriant. J’aurai un avenir. En Algérie, on ne peut pas sortir de la pauvreté, le système est pourri et moi, au mieux, je gagnais 5 euros par jour pour conduire des camions de poissons. »
Depuis le début de l’été, près de 2 500 Algériens ont rejoint les côtes de la région de Murcie. C’est déjà plus que les 1 900 migrants arrivés durant tout 2019, alors que les principaux mois d’activité de la « route algérienne » vers l’Espagne s’étalent d’ordinaire d’octobre à décembre. Aux Baléares, plus de soixante embarcations avec près de 900 personnes à bord ont aussi accosté dans l’archipel. Un autre record. Et à Almeria, en Andalousie, des mafias proposent la traversée en moins de cinq heures pour 3 000 euros dans des embarcations ultrarapides. Au total, l’exode algérien représente, selon le dernier bulletin de l’Agence européenne de garde-frontières Frontex, les deux tiers des traversées de migrants en Méditerranée occidentale.