Le désaveu paraît sans appel. Les concours de la Fonction publique de l’Etat n’attirent plus les jeunes. En vingt ans, le nombre de candidats a fortement chuté : de 650 000 en 1997, ils n’étaient plus que 228 000 en 2018. Le record de 1988 (200 000 candidats) n’est ainsi plus très loin. Or, dans le même temps, le nombre de postes offerts, malgré des fluctuations, est globalement resté stable, s’établissant en moyenne à quelque 40 000 postes par an.
Quant au nombre de jeunes diplômés, donc de candidats potentiels, il a, lui, augmenté… Bref, le constat est cinglant. « Ça, pour moi, c’est une alerte très grave », confiait la ministre de la transformation et de la fonction publiques, Amélie de Montchalin, fin octobre.
Comment expliquer ce désintérêt persistant ? Par le niveau de salaire, d’abord. Les fonctionnaires ne sont pas assez payés, souligne Estelle Piernas, secrétaire nationale de la FSE-CGT. En progression constante jusqu’en 2010, leur rémunération de base stagne depuis lors. Tant et si bien, précise la responsable syndicale, que, « aujourd’hui, il est parfois difficile de vivre de son traitement. Certains ont des fins de mois difficiles. On est bien loin de l’image du fonctionnaire qui travaille peu et profite bien ». […]
Cette situation, qui concerne singulièrement les agents les moins qualifiés, affecterait aussi les hauts fonctionnaires. L’un d’eux, par exemple, évoque « une perte de pouvoir d’achat incroyable » au fil des années. Pour illustrer son propos, il évoque la situation des conseillers maîtres, les plus hauts magistrats de la Cour des comptes. […]