En quelques années, ce grand port maritime est devenu la principale porte d’entrée de la cocaïne en France. Les menaces, intimidations et passages à tabac se multiplient à l’encontre des dockers. L’un d’entre eux a été tué en juin.
Il est 7h30, ce matin de novembre 2017. Luc (le prénom a été changé), un docker havrais d’une cinquantaine d’années, cherche avec insistance à contacter sa compagne, Samira (le prénom a été changé). « Je me suis fait agresser en rentrant du casino cette nuit », lui explique-t-il d’une voix blanche.
Trois types cagoulés et gantés attendaient son retour, tapis dans l’obscurité de son jardin. Ils lui ont sauté dessus dès qu’il est sorti de son véhicule. Après l’avoir frappé puis bâillonné, ils ont fouillé son domicile, avant de l’emmener à l’arrière d’une voiture. Il est relâché plus tard sur un parking, le nez cassé, le visage tuméfié. Au téléphone, Luc ne s’étend pas sur leurs motivations : « Je t’expliquerai, je ne peux pas parler, là. »
Il ne portera pas plainte. Les policiers ne ratent pourtant rien de ces échanges. (…)
Ils le soupçonnent d’avoir joué un rôle dans l’importation de 480 kilos de cocaïne en octobre 2017. Les échanges avec Samira ne font que renforcer leurs soupçons. Comme ce SMS : « Les mafieux, même quand t’es clean avec eux, ils te la mettent. »