Alors que les bras manquent à l’hôpital, Jean-Claude Perrin, fondateur de l’association Res Publica, plaide pour une immigration choisie en provenance d’Afrique.
[…] Avant l’épidémie déjà, il manquait plus de 1 000 infirmières et aides-soignantes en Ile-de-France. Chaque année, l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (APHP) ferme des lits pour cette raison.Et pourtant, des infirmiers et infirmières formées pourraient les suppléer si on regardait vers le sud. Vers des pays d’Afrique subsaharienne, comme le Burkina Faso – que Res Publica, l’association que j’ai fondée il y a vingt ans, connaît très bien –, où plusieurs milliers de diplômés d’Etat attendent un emploi. Ils et elles ont réussi leur examen, à l’issue d’une formation suffisamment solide pour être capables d’ausculter, de faire un diagnostic et même d’établir l’ordonnance de patients qui ne verront jamais de médecin dans ce pays où ils font cruellement défaut. Ces jeunes professionnels attendent que l’Etat les recrute car, faute de couverture sociale, il n’existe évidemment pas de secteur libéral. […]
Au 1er janvier 2020, la population de l’UE à 27 était d’un peu moins de 448 millions d’habitants. En 2019, elle s’est accrue de 900 000 personnes. Pourtant, les décès (4,7 millions) ont largement dépassé les naissances (4,2 millions, soit 90 000 de moins qu’en 2018) et c’est l’immigration seule qui a permis d’assurer la légère augmentation de la population. Avec une immigration nulle, la population l’UE diminuera de près de 100 millions de personnes dans les 60 prochaines années, estime Eurostat. […]
Compte tenu de la largeur du vivier, on pourrait aller chercher au Sahel des infirmiers, aides-soignants voire médecins, mais aussi les ingénieurs ou informaticiens dont nous avons besoin, sans craindre une « fuite des cerveaux ». […] La main-d’œuvre formée est donc là. Et la meilleure lutte contre l’immigration clandestine serait une immigration de travail bien pensée, répondant aux besoins de la France et de l’Europe.