Avec “Chien blanc”, Romain Gary offrait déjà en 1970 une analyse lucide de la montée d’un fanatisme radical qui commence à gangrener la société américaine.
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Avec un flegme qui prend un accent parfois comique (en particulier quand, pour « prendre des vacances » des envahissantes tensions raciales, il part à Paris en plein Mai 68… y évoluant, « décalé », à la façon d’un Buster Keaton), il décrit un mouvement noir aux revendications initialement légitimes, mais travaillé par le ressentiment et dévoyé par la rouerie de quelques-uns servant le lucre davantage que des fins politiques. Car certains ont saisi le profit qu’il y a à tirer de la bourgeoisie blanche du spectacle hollywoodien : « Il y a de petites organisations de Noirs dont le seul but est de soulager les Blancs, les soulager de leur argent, et les soulager de leur conscience (…). Il n’y a pas plus de douze organisations noires vraiment valables dans ce pays… Le but des autres, ce n’est pas d’agir, d’aider le peuple, c’est d’exister elles-mêmes. Ça ne va pas plus loin. »