Abderrahmane Dahmane, franco-algérien né en Algérie, est un fin connaisseur des arcanes de l’administration et de la politique en France. Au bout de 43 ans de service, il a terminé inspecteur général de l’éducation nationale en France et a même été conseiller de l’ancien président Nicolas Sarkozy. Il a accordé un entretien exclusif à Tout Sur l’Algérie (TSA), il parle de l’actualité brûlante, dont l’affaire des caricatures et les propos du président Emmanuel Macron sur l’Algérie, de la situation des musulmans en France et de la place des Algériens dans ce pays. Il affirme : “Les cinq millions de franco-algériens sont les héritiers de la wilaya VII“. [Région militaire de l’Armée de libération nationale (ALN) correspondant à la France durant la guerre d’Algérie.]
L’affaire des caricatures avait déjà suscité des réactions dans une partie du monde musulman. Les responsables français ont-ils bien géré cette crise ?
Quelle que soit la caricature, c’est inadmissible. Le Prophète Mohamed n’est pas un individu lambda. C’est deux milliards de musulmans dans le monde qui adorent ce Prophète. Lorsqu’on est président, ou responsable politique de quelque niveau que ce soit, et qu’on a une communauté musulmane de 12 à 13 millions, la moindre des choses c’est de respecter cette communauté. Même si on n’est pas croyant, on ne peut pas se permettre la caricature d’un prophète de deux milliards de musulmans avec qui la France a des intérêts. Les musulmans achètent les produits français et tu ne peux pas insulter ta clientèle finalement. Macron a un grand mépris et il va le payer cher. Je suis moi-même en train d’organiser un grand comité. Je rappelle que Nicolas Sarkozy était venu me supplier de l’aider pour gagner l’élection (de 2007, ndlr). Mais une fois qu’il a gagné, il a changé. […]
Au lieu d’avoir une attitude très sereine, comme Ségolène Royal qui a déclaré qu’il faut respecter la communauté musulmane, lui il a défendu les caricatures et en plus, il a dit : vous pouvez les montrer, allez-y. Et il l’a dit publiquement. […]
Les musulmans de France sont-ils bien représentés actuellement ?
La communauté musulmane la plus forte en France, c’est la communauté algérienne. Il y a cinq millions de franco-algériens, mais ils ne sont pas organisés. Il y a des médecins, des informaticiens, des techniciens, ils sont dans tous les domaines, même dans la police. […]
Il n’y a pas de politique d’intégration, il ne faut pas se faire d’illusions. Le gars qui veut s’intégrer sait ce qu’il doit faire. Les 10 000 médecins algériens qui sont dans les hôpitaux n’ont pas attendu que le pouvoir français, Macron ou autre, les intègre.[…]
J’ai écrit une note au président Tebboune, je lui ai expliqué que c’est une chance d’avoir une communauté qui est très forte, ce sont les héritiers de la wilaya VII grâce à laquelle le gouvernement du GPRA à Tunis recevait de l’argent.
de l’argent.
Une communauté de cinq millions où il y a des cadres installés dans tous les rouages de l’État français. Plus de 10 000 médecins algériens font fonctionner les hôpitaux. Ce n’est pas un hasard si on a un Zineddine Zidane. Il faut voir comment permettre à ces Algériens d’être en harmonie avec leur pays d’origine. Il faut absolument qu’il y ait un mouvement des Algériens à l’étranger.