Arnaud Gouillon, éphémère candidat du Bloc identitaire (extrême droite) à la présidentielle française de 2012 et président de l’association Solidarité Kosovo, a été nommé à la tête de la Direction de la coopération avec la diaspora et les Serbes de la région, un poste très stratégique pour entretenir l’ardeur nationaliste dans les Balkans.
Le gouvernement de Serbie a nommé jeudi le militant identitaire français Arnaud Gouillon, aka « Arno Gujon », au poste de directeur par intérim de la Direction de la coopération avec la diaspora et les Serbes de la région. Ce dernier, né en 1985 à Grenoble et qui a reçu la citoyenneté serbe en 2015, anime depuis 2004 l’association Solidarité Kosovo, qui vient exclusivement en aide aux Serbes des enclaves. Lauréat des plus hautes distinctions de l’État et de l’Église serbe, auteur d’un livre intitulé Tous mes chemins mènent vers la Serbie, Arnaud Gouillon est un orateur très demandé dans les cercles nationalistes de la diaspora serbe.
Arnaud Gouillon a d’abord été reponsable de l’ONG Solidarité Kosovo avant d’être nommé ce jeudi 26 novembre Secrétaire d’Etat pour les Serbes de la diaspora, au sein du gouvernement de Belgrade. Son ami, l’ancien journaliste Pierre-Alexandre Bouclay, nous raconte cette singulière trajectoire. Portrait.
La vie réserve de ces surprises. Prenez Arnaud Gouillon. En 2004, ce Grenoblois de 19 ans débarquait au Kosovo avec ses valises d’humanitaire. Dans sa tête, un objectif : secourir les chrétiens serbes persécutés par les Albanais musulmans. Avec sa camionnette, slalomant entre nids de poule et obus, il partait dans de petits villages de montagnes escarpées pour livrer des cadeaux de Noël aux enfants. Si on lui avait dit qu’il finirait ministre, il aurait sans doute bien rigolé.
Cela lui est tombé dessus comme une roquette sur un monastère. Il y a quelques jours, le président de la République de Serbie, Aleksandr Vukic, et le ministre des Affaires étrangères Nikola Selakovic, l’ont contacté. Résultat, ce jeudi 26 novembre, à 14h, M. Arnaud Gouillon, président de l’ONG française Solidarité Kosovo, a été nommé secrétaire d’Etat pour les Serbes de la diaspora.
Un humanitaire français qui devient ministre serbe, ce n’est pas si courant. Son but sera de « préserver l’identité culturelle, religieuse et nationale du peuple serbe dans les Balkans et la diaspora ». Il devra aussi développer les relations économiques et culturelles entre la Serbie et les populations serbes émigrées.