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Selon un collectif de personnalités, parmi lesquelles Dominique Sopo, Audrey Pulvar, Smaïn, Lilian Thuram l’agression de Michel Zecler n’est pas le fait de quelques “brebis galeuses”. La police française serait gangrenée par les fléaux du racisme et de la violence.

Les images sont édifiantes. Samedi dernier dans le XVIIe arrondissement de Paris, Michel Zecler, un producteur de musique, a été violemment agressé par des policiers alors qu’il entrait dans son studio. […]  Si cette scène n’avait pas été filmée par les caméras de vidéosurveillance et par les voisins, chacun sait ce qu’il serait advenu : Michel Zecler aurait été condamné pour outrage à agents et autres délits imaginaires. D’ailleurs, juste après cette scène de violence, une procédure judiciaire avait été ouverte à son encontre. […]

Nous disons enfin que la violence raciste qui s’est abattue sur Michel Zecler n’est pas une violence isolée qui serait «le-fait-de-quelques-brebis-galeuses-qui-déshonorent-la-police-nationale». Elle est, disions-nous, le symptôme d’une gangrène. Elle montre l’ampleur des problèmes de racisme et de violences au sein de la police et leurs inévitables alliés : le silence complice des collègues et le déni de trop de syndicats policiers, de la hiérarchie policière, du ministère de l’Intérieur et plus généralement des pouvoirs publics. Il est décidément urgent que des gouvernants dignes de leurs fonctions prennent ces problèmes à bras-le-corps. Il ne sert à rien d’avoir le mot «République» aux lèvres toutes les quatre secondes pour devenir silencieux lorsqu’elle est bafouée. […]

Au final, la France a un problème de racisme au sein de ses forces de l’ordre et les pouvoirs publics refusent de le traiter, concédant éventuellement quelques mots un peu plus appuyés lorsqu’il s’agit de passer la tempête d’un scandale médiatique ponctuel.

Fait d’ailleurs tout à fait singulier de la part d’un Etat : alors que de nombreux policiers d’origine maghrébine et subsaharienne se sont plaints ces derniers mois du racisme qu’ils subissaient de la part de certains de leurs collègues, aucune autorité publique – préfet, ministre, président – n’a pris la peine de soutenir ces fonctionnaires, ni même de faire semblant. […] A se demander si nos gouvernants, en refusant de traiter ce fléau, ne trahissent pas une vérité : leur difficulté à considérer celles et ceux que ce fléau frappe comme des citoyens à part entière.

Premiers signataires : Dominique Sopo, président de SOS Racisme ; Eléonore Luhaka, sœur de Théo Luhaka ; Claudy Siar, journaliste ; Audrey Pulvar, adjointe à la maire de Paris, journaliste ; Emmanuel Gordien, président de CM98 ; Nour-Eddine Skiker, président de Jalons pour la paix ; Lucien Jean-Baptiste, comédien ; Jalil Lespert, cinéaste ; Greg Germain, comédien ; Aïssata Seck, conseillère municipale de Bondy, présidente de l’association pour la mémoire et l’histoire des tirailleurs sénégalais ; Steevy Gustave, producteur ; Smaïn, humoriste et comédien ; Firmine Richard, comédienne ; Comité «Justice et Vérité pour Wissam» ; Hanna Assouline, réalisatrice ; Claude Boli, historien ; Fary, humoriste ; Patrick Klugman, avocat ; Michaël Ghnassia, avocat ; Guillaume Traynard, avocat ; Dominique Tricaud, avocat, ancien membre du Conseil de l’Ordre ; Noël Mamère, journaliste ; Jacob Desvarieux, musicien ; Serge Romana, président de la Fondation esclavage et réconciliation ; Romain Ruiz, avocat ; Calvin Job, avocat ; Réjane Senac, politiste ; Yannick L’Horty, économiste ; Janine Mossuz-Lavau, politologue, directrice de recherche émérite au CNRS ; Jacques Martial, conseiller de Paris délégué en charge des Outre-mer, ancien président du Mémorial ACTe ; François Dubet, sociologue ; Nonna Mayer, directrice de recherche CNRS/CEE/Sciences Po ; Magali Lafourcade, magistrate ; Malcom Ferdinand, chercheur ; Daniel Dalin, président du Crefom ; Pap N’Diaye, historien, professeur des universités ; Lilian Thuram, président de la fondation Education contre le racisme ; Saphia Aït Ouarabi, vice-présidente de SOS Racisme ; José Pentroscope, président du Cifordom ; Jeanne Lazarus, sociologue, CNRS, Sciences Po ; Fred Musa, animateur de radio et de télévision ; Angelo Gopee, directeur général de Live Nation France ; Jacky Mamou, président du collectif Urgence Darfour ; Maryse Coppet, avocate ; Keyza Nubret, directrice de l’agence K’s Com ; Alice Zeniter, écrivaine ; Malik Salemkour, président de la LDH ; Benji, membre des Neg’ Marrons.

Libération

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