Jean-Sébastien Ferjou : Justement, on en revient à la question qui fâche, ou en tout cas qui vous agace : celle de la personne ayant vocation à assumer les responsabilités à la tête de l’Etat. Je voyais dans Acrimed, plutôt classé comme un média d’extrême gauche, un papier recensant l’ensemble de vos apparitions médiatiques de ces dernières semaines et en concluant que vous êtes un fantasme d’éditocrates parisiens aux pulsions réactionnaires inavouées. Laissons de côté le qualificatif de réactionnaire, croyez-vous qu’Acrimed ait raison : êtes-vous un pur fantasme de journalistes ou avez-vous ressenti lors de vos déplacements à travers la France une véritable attente dans le pays ?
Général Pierre de Villiers : Je crois que mes deux premiers livres ont été un grand succès car ils correspondaient aux préoccupations des Français, et pas uniquement à celles de telle ou telle catégorie. Mes lecteurs sont très différents dans leurs générations, leurs origines sociales, leurs opinions etc… Ce qu’ils trouvent dans mes livres, ce sont des sujets qui les intéressent, qui les inquiètent, exprimés avec des mots simples. C’est ce que j’entends pendant mes séances de dédicaces.
Mais vous savez ce n’est pas le général de Villiers en particulier qui les intéresse. Bien sûr, c’est moi qui ai écrit ces livres, mais à travers moi c’est l’institution militaire qu’ils voient. C’est l’autorité, la colonne vertébrale, les valeurs que l’institution militaire a su garder qui les intéressent. La détermination, la fraternité, le respect, l’effort, la discipline, la possibilité de l’escalier social, ce sont tous ces sujets qui sont derrière le succès de mes livres.
Je n’ai pas écrit ce troisième livre dans le cadre d’une démarche devant me mener à une quelconque candidature présidentielle. Ce n’est ni mon objectif, ni ma vocation.
Alors, on me dit qu’en politique, souvent, lorsqu’on dit ça c’est pour masquer ses intentions réelles. Mais je ne suis pas un homme politique. Je suis un officier français : quand je dis quelque chose, je le fais.
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