Appel de l’Observatoire du décolonialisme et des idéologies identitaires
« Nous faisons face aujourd’hui à une vague identitaire sans précédent au sein de l’enseignement supérieur et de la recherche. Un mouvement militant entend y imposer une critique radicale des sociétés démocratiques, au nom d’un prétendu « décolonialisme » et d’une « intersectionnalité » qui croit combattre les inégalités en assignant chaque personne à des identités de « race » et de religion, de sexe et de « genre ».
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Les idéologues qui y sont à l’oeuvre entendent « déconstruire » l’ensemble des savoirs. Il ne s’agit pas pour eux d’exercer librement les droits de la pensée savante sur ses objets et ses méthodes, mais de mener la critique des savoirs dans un esprit de relativisme extrême, discréditant la notion même de vérité.
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Or le problème est loin de se cantonner à la profession des enseignants-chercheurs. En effet, la question de la science pose celle de la formation sur laquelle repose l’École, clé de voûte de la République. De plus, la conquête méthodique d’une hégémonie culturelle se traduit par une emprise croissante sur les médias, ce qui limite considérablement l’espace du débat démocratique.
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En lançant l’Observatoire du décolonialisme et des idéologies identitaires, qui se présentent comme savantes, nous appelons à mettre un terme à l’embrigadement de la recherche et de la transmission des savoirs. C’est pourquoi nous invitons toutes les bonnes volontés du monde de l’enseignement supérieur et de la recherche à contribuer aux travaux de l’Observatoire, à les diffuser et à utiliser ses bases de données, pour constater avec nous le ridicule de ces discours dogmatiques, qui ignorent tout de la distance à soi. »
Quand la fièvre identitaire frappe l’université :
« En 2019, les étudiants en licence de sciences politiques de l’université Lumière-Lyon-2 ont pu suivre une séance sur le « féminisme islamique » dans le cadre d’un cours sur les « États postcoloniaux », à partir d’un texte de Zahra Ali (sociologue qui défend l’idée d’un féminisme islamique) évoquant « les interprétations inégalitaires et oppressives du Coran », ou la « circoncision féminine » (pour ne pas parler d’excision), avant de plancher sur le slogan de l’association provoile Lallab, « Mon voile, mon corps, mon choix. Féministes et musulmanes ». »
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« Dans cet imaginaire, les juifs font partie du fantasme absolu. Ils ne sont pas vus comme une minorité victime d’antisémitisme, non, ils sont considérés comme “blancs”, colons, et n’ont donc à ce titre pas droit à la parole. Il y a aujourd’hui des universités dans lesquelles les étudiants juifs ne peuvent pas aller, notamment à cause de ces idéologies : Lyon-2, Paris-8, Toulouse-2-Jean-Jaurès, Villetaneuse… L’antisémitisme latent est une des nombreuses conséquences de ces idéologies. »
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Des thèses édifiantes…
o « Séparer les moustiques des humains à La Réunion. Coproduction d’un nouvel ordre socio-naturel en contexte post-colonial » (université de La Réunion). »
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« Pour de nombreux linguistes acquis aux thèses intersectionnelles, la langue est un “complot masculiniste organisé par les grammairiens”, une langue de domination que seules les révolutionnaires pourraient émasculer de ses “viriles scories” », explique Yana Grinshpun, maîtresse de conférences à Paris-3, spécialiste de la propagande et de la manipulation dans les sociétés démocratiques. »
Dossier du Point du 13 janvier 2021.