Chantal de Rudder n’en revient pas quand sa petite-fille, dans une boutique de jouets parisienne, répond tout-de-go à sa moue désapprobatrice à la vue d’une vendeuse en hijab: « Elle a le droit, c’est sa religion. Elle est obligée», lui assène la gamine. La grand-reporter française d’origine tunisienne, rédactrice en chef du Nouvel Observateur pendant de longues années, se souvient alors du voile de sa grand-mère, juive tunisienne, et sait pertinemment qu’il ne s’agit que d’une coutume patriarcale très récemment réempruntée par l’islam politique, «légitimé par une reconfiguration rigoriste du Coran».
De cette nouvelle hégémonie du voile, elle retrace les composantes historiques et politiques dans Un voile sur le monde, qui paraît actuellement aux Éditions de l’Observatoire.
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Selon Chantal de Rudder, celui-ci a été gagné, comme d’autres dirigeants musulmans, par le pouvoir de sectes musulmanes, les Frères musulmans en tête, dans une haine contre l’Occident et le colonialisme. Faisant état de notre crispation occidentale à reconnaître le voile comme autre chose que l’émanation d’une liberté religieuse, la journaliste, avec ce livre ultra documenté, veut rétablir ce que le voile serait véritablement: un instrument de pouvoir moderne, une tradition «inventée et frauduleuse».
L’enjeu de la revendication du voile a été sous-estimé