14/03/2021
Le fer de la Tour Eiffel a-t-il été «volé aux Algériens» ? LA VÉRIFICATION – Cette rumeur ancienne a été de nouveau colportée par un journaliste algérien en janvier. Elle est pourtant très improbable. […]
[…] Pour répondre à cette question et tirer les choses au clair, un journaliste du Figaro a retracé l’origine des milliers de tonnes de fer de cet édifice. Il a alors publié, ce vendredi 12 mars 2021, un article qui revient en long et en large sur le sujet. […] L’écrivain de l’article s’est ensuite penché sur les archives du journal dans lequel il exerce actuellement son métier de journaliste. Il est donc revenu plus d’une centaine d’années en arrière. Dans le détail, il a cité comme source un article écrit par Louis Le Bourg. Paru le 28 avril 1887, l’article a évoqué quelques détails sur le sujet de fer.Il a donc fait savoir que le fer puddlé de la Tour Eiffel « a été produit dans les forges et aciéries Fould-Dupont de Pompey, en Lorraine (France) ». Le journaliste du Figaro a, par la suite, illustré la déclaration de son ancien homologue par une photo. Celle-ci montre clairement le pied du pilier nord de la Tour Eiffel, dans lequel il a été précisé que le fer provient de la source susmentionnée.
Pour éclaircir davantage les choses, le journaliste a suivi cette dernière piste. En d’autres termes, il est revenu sur la provenance du minerai de fer utilisé par Fould-Dupont même. Le journaliste s’est appuyé sur des informations venant du Musée de l’Histoire du fer de Jarville-la-Malgrange. Celui-ci affirme que c’est la mine de Ludres qui avait sorti le minerai.
Avant de conclure son article, le journaliste du quotidien français a fait en sorte de sortir la plus grosse artillerie. Il s’agit de quelques déclarations d’un archéologue. Celui-ci a travaillé au sein d’un laboratoire appartenant à Floud-Dupont. Paul Merluzzo aurait informé que le fer n’est pas algérien, mais français, détaille l’article en question.
Une estimation justifiée pour la simple raison que la France ne serait pas allée par quatre chemins alors qu’elle avait à son compte « le plus important minier français à l’époque », clame l’archéologue. Et pour vérifier la véracité de cette version des faits, le journaliste français a cité un autre historien. Celui-ci a également évoqué le sujet.
L’historien n’a pas nié que la France importait du fer algérien. Mais celui-ci a été souvent utilisé pour des chemins de fer et non pas la construction, précise-t-il. Enfin, pour rendre le résultat final, le journaliste est revenu sur l’hypothèse de Mohamed Allal. Il a donc considéré cette dernière comme « hautement improbable ».
30/01/2021
Entre l’Algérie et la France, l’histoire ne se limite pas à une colonisation qui a duré plus d’un siècle et une guerre qui a pris la vie de quelques millions de personnes. La mémoire et le patrimoine entrent eux aussi en jeu. Bien que le dossier mémorial soit au cœur de l’attention médiatique plus que jamais, un journaliste algérien estime que la « la France doit rendre la Tour Eiffel à l’Algérie ».
Invité à l’émission intitulée Sra Ma Sra et diffusée sur Lina TV ce jeudi 28 janvier, Mohamed Allal a en effet indiqué que la France ne doit pas seulement des excuses à l’Algérie mais elle doit également rendre la Tour Eiffel au pays. Sans tarder, le journaliste du média arabophone El Khabar, a tenu à éclaircir davantage sa vision des choses. Selon lui, la France qui a supplanté les Algériens de leurs terres, a également pris leurs richesses et trésors.
« En tant que citoyens algériens, on doit demander à la France de nous rendre la Tour Eiffel. Cela puisque, elle a été construite par le fer de l’Algérie », explique-t-il. Comme un miroir, la mer Méditerranée sépare donc la Dame de Fer de Paris de la terre de la matière qui lui a donné naissance. La réflexion du journaliste algérien ici est plus forte qu’un simple exemple de monument. À ses yeux, la mémoire est encore plus précieuse et les excuses sont obligatoires.
Le Cheikh Chems-Eddine évoque la Tour Eiffel et la mémoire
L’Algérie attend toujours des excuses officielles de la France pour tourner la page du passé colonial. Mais cette guerre des mémoires semble encore loin de connaitre un épilogue puisque le patrimoine a rejoint le ring. Dans la même soirée mais sous un autre toit, une autre émission a posé le sujet de la Tour Eiffel sur la table des débats.
En effet, le Cheikh Chems-Eddine est revenu sur l’affaire dans le plateau de Raïna Show ce jeudi 28 janvier. « La Tour Eiffel a été construite d’un fer volé de l’Algérie », estime-t-il. Dans le même sillage, le savant islamique a fait savoir que les excuses sont généralement concrètes et c’est la raison pour laquelle, selon lui, la France ne s’est pas excusée.
« La France refuse de s’excuser puisqu’elle est consciente des conséquences que ça pourrait engendrer », explique-t-il. « S’excuser est synonyme d’avouer les crimes dont elle était l’auteur. Ces crimes ont eu lieu ici en Algérie durant plus d’un siècle », ajoute-t-il. « Si la France s’excuse, elle doit payer pour ses crimes », conclu l’exégète musulman.