Céline et Antoine. Ces deux prénoms s’ajoutent à la liste des milliers de français contraints de quitter l’hexagone, incapable d’offrir aux jeunes autistes une scolarité décente, pourtant prônée comme priorité du gouvernement et inscrite dans la loi.
Cette décision, Céline ne l’a pas prise à la légère. Après des années d’errance et d’indifférence, la jeune maman installée à Bihorel, près de Rouen, se sent épuisée, «comme morte » à l’intérieur. Le combat contre l’ »intolérance et l’ignorance » de la France a commencé il y a bien longtemps.
Depuis sa petite enfance, Antoine, 9 ans, a un comportement et un rapport au langage « singuliers », qui ont rapidement évoqués à Céline les membres de sa famille concernés par l’autisme. Alors que les difficultés scolaires s’amoncèlent, les centres médicaux refusent de creuser cette piste. Il faudra que Céline fasse l’objet d’une information préoccupante (une erreur de jugement qui n’est pas sans rappeler de dramatiques placements d’enfants autistes en France), pour que les bilans soient enfin réalisés et révèlent le profil d’Antoine, qui est bel et bien autiste.
Violences scolaires, violences médicales
Quand on lui parle d’inclusion, de bienveillance, Céline rit amèrement. Selon elle, les familles d’enfants différents sont « maltraitées » par la France. Il y a le manque de considération du corps médical. Il y a ces années d’attente pour une place dans une structure spécialisée. Il y a ces refus d’octroi d’une AVS, les délais interminables pour mettre en place des aménagements pour Antoine, qui est également dyspraxique. Et puis il y a eu ces cheveux tirés, et cette gifle qu’un enseignant aurait infligé au petit garçon dans sa précédente école.
Un départ urgent et imminent
La loi de 2005, relative à l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées, stipule que « Tout enfant, tout adolescent présentant un handicap ou un trouble invalidant de la santé » doit être scolarisé soit dans l’école ordinaire, lorsque cela est possible, soit dans l’établissement spécialisé le plus proche de son domicile. La réalité est toute autre. « Non seulement il n’y a pas d’égalité, mais on nous abandonne ».
Actuellement, Antoine fait « des coloriages au fond de la classe ». Si il est aujourd’hui entouré d’une équipe bienveillante, les enseignants, qui ne disposent ni des moyens, ni de la formation à la diversité nécessaires à un accueil digne et à une scolarité épanouie, sont démunis. « À l’inverse, le personnel de la future école d’Antoine semble tout à fait habitué à prendre en charge les profils particuliers. On a le sentiment que c’est leur quotidien. Et les accompagnements (ergothérapeute, orthophoniste …) sont centralisés. »