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[…] la diplomatie de Rabat veut pousser son succès. Elle demande aux dirigeants européens d’emboîter le pas à l’ex-président Donald Trump ou, tout au moins, de soutenir l’autonomie. L’Espagne, ancienne puissance coloniale, est la première visée. […]

Le gouvernement espagnol est embarrassé par la demande marocaine. Il craint que Rabat ne passe à la vitesse supérieure et déclenche une grosse crise migratoire ou coupe la coopération antiterroriste, comme il l’avait déjà fait en août 2014. […]

La négociation tripartite entre les États-Unis, le Maroc et Israël a démarré, d’après des sources diplomatiques, à la fin de l’été dernier, juste au moment où l’émigration irrégulière sur les Canaries montait en flèche. En 2020, 23 023 immigrés clandestins sont arrivés par la mer dans l’archipel, surtout au cours du dernier trimestre. C’est un chiffre en hausse de 757 % par rapport à 2019. Les Marocains représentent une courte majorité. […]

Les diplomates espagnols qui suivent de près le dossier marocain se demandent cependant si à cette explication purement économique de l’émigration aux Canaries il ne faut pas en ajouter une autre. Rabat laisserait filer ses citoyens depuis le Sahara pour arracher à l’Espagne un geste en appui à son offre d’autonomie. Après tout, ce territoire désertique de 266 000 kilomètres carrés est l’un des mieux contrôlés au monde. Les deux tiers de l’armée marocaine y sont déployés, auxquels il faut ajouter la gendarmerie, la police et les Forces auxiliaires qui servent à mater tout embryon de protestation des Sahraouis. […]

Pendant près de neuf mois, le Maroc n’a pas accepté le rapatriement d’un seul de ses citoyens débarqués irrégulièrement en Espagne. Après le déplacement à Rabat, le 20 novembre 2020, du ministre espagnol de l’intérieur Fernando Grande-Marlaska, son homologue marocain Abdelouafi Laftit a donné le feu vert à des retours au compte-goutte. Entre 60 et 80 immigrés marocains sont rapatriés chaque semaine en vol régulier depuis Las Palmas, accompagnés chacun par deux policiers espagnols. Le nombre est très insuffisant au regard de ceux qui sont ou qui continuent à arriver, mais l’intérieur espère que le bouche-à-oreille au Maroc sur ces retours forcés fera changer d’avis ceux qui s’apprêtent à prendre le large.

Disponible en intégralité sur Orient XXI

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