Silima Diagouraga, malien de 30 ans qui travaillait en CDI à Blaye est menacé d’expulsion pour avoir menti sur son âge lors de son entrée sur le territoire. La mobilisation pour qu’il ne quitte pas le territoire continue, un rassemblement est prévu samedi 13 février.
Claquettes aux pieds, jean et sweat blanc, il invite dans sa maison d’accueil, à Blaye. Le Malien de 30 ans est arrivé en France en 2017. Il distribue les mots au compte-gouttes. Par timidité. Par manque de vocabulaire aussi, certains mots lui échappant encore.
“Il avait un niveau CE2 quand il est arrivé, intervient Pierre Bayle, qui, avec sa femme Ketty, héberge Silima depuis deux ans. Il a eu une opiniâtreté remarquable. Il n’a pas lâché. Dès qu’il rentrait du CFA, il faisait ses devoirs”. Pierre et Ketty posent un regard protecteur sur celui qu’ils hébergent. L’appuient quand il butte, l’aident à réordonner ses souvenirs. Le poussent aussi, à en dire un peu plus.
Il y a quatre ans, Silima a quitté Bamako où il habitait. Il a tenté la voie légale mais sa demande à l’ambassade de France n’a rien donné. Alors il a suivi le même chemin que beaucoup de Maliens : l’Algérie, le Maroc, une traversée de la Méditerranée dans un bateau pneumatique surchargé, l’Espagne et enfin la France. “C’était vraiment dur”, se contente-t-il de dire avec pudeur.
À Dax dans les Landes, après une nuit à la gare, il se rend au commissariat où il présente de faux papiers. Dessus, on lit “date de naissance : le 5 mai 2001”. “On m’avait dit : “Silima, si tu passes avec un papier de mineur, tu vas être protégé, tu vas faire une formation.” Je voulais reprendre ma scolarité.” (…)
