Un centre d’hébergement, d’une capacité de 40 places, a été inauguré jeudi dans le XVe arrondissement. Si les associations saluent l’ouverture d’un tel centre, elles estiment qu’il “ne correspond absolument pas à l’ampleur du problème”.
Adama (les prénoms ont été changés) a 17 ans. Il vient de Guinée, est arrivé en France «le 7 décembre». Avec son ami Moussa, ivoirien, même âge, il a vécu dans les rues du nord de Paris, dormi gare de l’Est, puis dans un hôtel près de Barbès grâce à une association. Il y a une semaine, Adama et Moussa ont trouvé refuge dans un centre d’hébergement d’urgence pour jeunes migrants isolés, dans le XVe arrondissement. Inaugurée jeudi dernier, c’est la première structure du genre en France. La première halte pour les deux amis. Depuis, Adama dit : «Je peux m’en sortir.»
Le centre, géré par la Fondation de l’Armée du salut, accueille une petite vingtaine de personnes, arrivées pour les premiers fin décembre. Ces jeunes migrants sont en attente de la reconnaissance de leur statut de mineurs isolés étrangers. Jugés majeurs par l’administration, ils n’ont pas le droit à l’Aide sociale à l’enfance (ASE) ni à aucune aide. Souvent sans-abris, ils errent dans les rues de la capitale, dépendent des associations et du 115. Face à l’ampleur et la gravité du phénomène (en 2020, 5 000 ont vu leur âge évalué à Paris, 30 % ont été reconnus mineurs), les ONG réclament auprès de la ville et de l’Etat leur prise en charge et leur hébergement, au moins le temps du recours devant le juge des enfants. Une «présomption de minorité» comme le demande Médecins sans frontières. […]
Caroline Mboh Mboh, à la manœuvre au centre, rapporte que «les jeunes accueillis ici étaient à la rue, à l’hôtel ou dans des gymnases avant d’arriver. Beaucoup viennent d’Afrique de l’Ouest». […]«La majorité sont en recours, ce qui peut durer longtemps, parfois plus d’un an, explique la responsable. Certains seront peut-être déjà majeurs. On les accompagne alors vers des dispositifs de droit commun, on ne les lâche pas.» […]