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« On est débordés. Le flux est incessant. On voit des personnes âgées, des femmes enceintes, des enfants en bas âge… La situation est critique, car nous n’arrivons pas à traiter toutes les demandes », confie l’homme au képi vert olive. Début janvier, le président Sebastian Pinera (droite) avait tenté de réagir en sollicitant le soutien de l’armée. Le chef de l’État avait signé un décret autorisant les militaires chiliens à assurer un appui technique et logistique aux frontières « pour combattre l’immigration illégale ». Un vœu pieux, lorsque l’on sait que les autorités ont identifié 32 points de passage, répartis entre le Pacifique péruvien et les hauts plateaux boliviens. Impossible de surveiller nuit et jour un millier de kilomètres de frontières poreuses. Le recours à l’armée a été présenté comme un complément à la nouvelle loi migratoire, dont la promulgation est prévue début mars. Elle permettra notamment l’expulsion immédiate d’immigrés clandestins. Le texte sera censé remettre « de l’ordre dans la maison », selon les mots du président conservateur, dans un pays sous pression migratoire : en cinq ans, près d’un million d’étrangers sont venus s’installer au Chili. Aujourd’hui, 500 000 Vénézuéliens en situation régulière sont présents dans le pays andin. Ils représentent un tiers du nombre total d’immigrés et la première communauté de migrants.
« Le Chili n’était pas préparé à gérer un tel flux, analyse Fernanda Torres, avocate et ex-responsable « nationalité » au service des migrations du ministère de l’Intérieur. L’arsenal législatif est obsolète. »
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