Les attaques visant Fabrice Leggeri, le directeur exécutif de l’agence, cristallisent les tensions sur la question des frontières extérieures de l’Europe.
Pas une semaine sans que Frontex, l’Agence européenne de garde-frontières et de garde-côtes, ne soit étrillée par la presse allemande, et son patron, le Français Fabrice Leggeri, accusé de tous les maux : refoulement (pushback, en anglais) des migrants au mépris du droit d’asile avec la complicité d’agents de Frontex ayant prêté main forte aux Grecs sur la frontière turque ; ostracisation de ceux qui, au sein de l’agence, se seraient insurgés contre cette politique ; retards administratifs dans le déploiement des nouveaux garde-frontières sous uniforme européen (une première) ; manquements aux règles d’hygiène face à la pandémie de Covid-19 ; réunions prétendument secrètes avec les lobbys de l’armement hors des procédures de transparence de l’UE… Il serait plus rapide de faire la liste des griefs qui ne sont pas reprochés à Fabrice Leggeri. Rarement un responsable européen aura été la cible d’attaques aussi nourries en si peu de temps. Si bien que, pour beaucoup, à Bruxelles, le temps de Leggeri à la tête de Frontex est compté. « C’est un homme aux abois qui s’y est mal pris et n’a pas assez cherché d’alliés au sein des États membres », juge l’un de ceux qui ont recueilli ses états d’âme. (…)