Selon un rapport de l’Institut des politiques publiques publié ce jeudi, cette expérimentation est globalement une réussite, car elle a amélioré la mixité sociale dans les collèges et a permis de réduire l’échappée des élèves dans le privé. Pour Julien Grenet, chercheur au CNRS, l’expérimentation de secteurs multi-collèges conduite à Paris depuis septembre 2017 est largement positive. Le dispositif, reconduit à la rentrée, ne sera pourtant pas étendu.
« Encourageant » : l’adjectif revient au fil des pages de la note de synthèse – et du rapport dont elle est tirée – divulguée, jeudi 18 février, par l’Institut des politiques publiques (IPP) sous la plume de Julien Grenet, directeur de recherche au CNRS, et du doctorant Youssef Souidi. Tous deux ont eu accès à un matériau inédit : les données individuelles (et anonymisées) de la « base élèves » de l’académie de Paris – de quoi mesurer, de manière fine, les comportements d’« évitement » des familles (autrement dit : la fuite des plus aisées d’entre elles vers le privé).
Cette expérimentation a-t-elle été concluante ?
Elle est globalement positive. Concernant la première méthode, dite de « montée alternée », alors qu’avant l’expérimentation, le collège Berlioz comptait 50 % d’élèves défavorisés et le collège Coysevox10 %, chacun accueille désormais environ 25 à 30 % d’élèves défavorisés. La mixité a bel et bien progressé. Et le taux d’évitement vers le privé est passé de 24 % en 2016 à 16 % en 2019. […]
Pourquoi Jean-Michel Blanquer n’a-t-il pas étendu cette expérimentation à d’autres collèges, comme Najat Vallaud-Belkacem l’avait prévu ?
Le ministre de l’Education ne s’est pas beaucoup exprimé sur la mixité des établissements et a préféré renforcer les moyens pédagogiques en primaire dans l’éducation prioritaire, avec le dédoublement des CP et CE1. Il faut dire aussi que les maires sont réticents à ce type d’expérimentation, car ils savent que cela peut représenter un coût politique, les parents CSP + y étant hostiles au départ. […] […] Les retours des équipes pédagogiques nous font déjà part des effets positifs sur les aspects comportementaux : les élèves relégués dans des ghettos ont tendance à avoir moins confiance en eux, sont davantage exposés à des comportements déviants et expriment souvent un rapport résigné à leur orientation. Si on les affecte dans un établissement plus mixte, ils gagnent confiance en eux, sont exposés à d’autres normes et sont moins souvent enclins au fatalisme social.