L’explorateur français, Jean Ribault (1520-1565), qui a pris possession de la Floride en 1565 au nom du roi Charles IX, n’a plus la cote Outre-Atlantique. Le rectorat du comté de Jacksonville veut en effet rayer son nom du fronton de ses écoles, rapporte Le Figaro. Accusé de « marginalisation systémique et du massacre des peuples autochtones », Jean Ribault, qui était huguenot, pourrait bien voir son nom disparaître au nom de la « cancel culture ». Ce mouvement idéologique, qui prend de l’ampleur aux États-Unis, veut invisibiliser les personnalités controversées de l’Histoire.
C’est Ashley Smith-Juarez qui est à l’origine de cette demande de débaptiser les deux établissements scolaires. La membre du conseil scolaire estime que Jean Ribault a joué un rôle dans la « discrimination » dont étaient et sont toujours l’objet les Amérindiens de la région.
Pour elle, revendiquer les terres des peuples autochtones au nom de la France n’est pas quelque chose que le comté devrait vouloir honorer. Cependant, les descendants de l’explorateur français ont déjà réagi. Ils ont écrit une tribune dans un journal local de Floride contestant cette demande.
Yves de Montcheuil, l’un de ses descendants, a confié au Figaro qu’il vivait cette demande comme « une salissure de la mémoire de [leur] ancêtre ». Car d’après eux, et l’historien spécialiste de la Nouvelle France, Laurent Veyssière, il s’agit d’un « contresens historique ». D’après l’historien, il aurait même fait alliance avec « trois tribus amérindiennes » contre une dernière et il n’est pas « prouvé » qu’il l’ait combattue. […]
Entre 1562 et 1565 la France, 40 ans avant Samuel de Champlain en Acadie, a tenté d’implanter une colonie huguenote dans la région de l’actuelle Jacksonville.
Mais les très catholiques Espagnols voient d’un mauvaise œil cette colonie de protestants s’installer dans une région qu’ils revendiquent. Le 28 août 1565, le jour de la Saint Augustin, Pedro Menéndez de Avilés arrive d’Espagne avec une flottille de 20 vaisseaux, une armée de 2 000 à 3 000 hommes et l’ordre de son roi de chasser tous les intrus huguenots de la Floride. Il établit son campement dans un ancien village timucuan qu’il nomme Saint Augustine. Les choses vont aller très vite. […]
Le 12 septembre : fort La Caroline, avec une défense diminuée après le départ de Ribault, tombe après une heure de combat. Environ 130 hommes, femmes et enfants sont massacrés. Les Espagnols occupent le fort et le nomment San Mateo. Menendez propose à Ribault de se rendre. Le 24 septembre : Ribault et 350 de ses hommes, totalement désarmés, acceptent mais sont littéralement assassinés sur le champ, car considérés comme étant hérétiques. Massacre connu sous le nom du « Matanza Inlet ».
Jean Ribault et ses compagnons sont exécutés « non comme Français, mais comme luthériens. », dix marins catholiques seront épargnés.
Ils seront vengés en 1567 lors d’une expédition montée par un noble Gascon du nom de Dominique de Gourgues monte alors une expédition composé de trois navires et financée sur ses deniers personnels pour venger Ribault et ses hommes. Parvenu devant la Floride, il prend d’assaut les trois forts espagnols et massacre les garnisons en n’y faisant aucun prisonnier. En réponse aux justifications de Menéndez, il laisse, avant de rentrer en France, une pancarte ainsi gravée : « Je ne fais cecy comme à Espaignols, ny comme à Marrannes, mais comme à traistres, volleurs et meurtriers ».