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Un proche de Pierre Bédier

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Une chose est en revanche certaine : Jean-Jacques Brot et Pierre Bédier sont proches. Tous deux collaborateurs historiques de Jacques Chirac – l’actuel préfet a même été son conseiller aux affaires corréziennes à l’Elysée – ils entretiennent les meilleures relations depuis l’arrivée du nouveau préfet dans le département. Illustration de cette proximité, l’annulation des voeux de la préfecture, le 22 janvier 2020, en raison du décès de l’épouse de Pierre Bédier. De nombreuses institutions, associations ou personnes privées étaient invitées. “Eux-mêmes dans la peine, le préfet des Yvelines et madame Jean-Jacques s’associent à la douleur de leur famille (celle de Pierre Bédier, ndlr) et de leurs très nombreux amis. Par affection et respect, la cérémonie des voeux qui était prévue demain soir 23 janvier à la préfecture est annulée”, peut-on lire dans l’email d’annulation.  

Un haut fonctionnaire qui le connaît bien résume la philosophie de Jean-Jacques Brot, selon lui : “Pour lui, les responsables musulmans doivent respecter la loi bien sûr, mais au-delà de ça, on n’a pas à leur demander d’être républicains”. Récemment, le préfet qui aime renverser la table et les codes n’a pas hésité à remettre en question le travail pourtant minutieux de l’islamologue Bernard Rougier, dont le livre, Les Territoires conquis de l’islamisme, comportait plusieurs passages désastreux pour la grande mosquée de Mantes-la-Jolie. L’auteur du chapitre, après “une observation in situ de la transmission religieuse”, constate que “la mosquée promeut, dans l’entre-soi de ceux qui la fréquentent au quotidien, une forme d’islam résolument hostile, dans sa dynamique et ses principes, aux valeurs de l’humanisme universel dont se réclament pourtant ses dirigeants dans leurs déclarations publiques”. Et de citer en détail des prêches assurant qu’il ne faut pas effleurer “la peau d’une femme étrangère” ou que “l’Etat des juifs, qui proclame depuis longtemps que ses frontières s’étendent du Nil à l’Euphrate” représente “un ennemi”…

Brot, pour sa part, ne voit pas les choses du même oeil et n’hésite pas à prendre la défense de la mosquée face au chercheur. “J’ai reçu monsieur Rougier et je lui ai dit que je désapprouvais ce qu’il avait écrit, raconte-t-il. Il a envoyé un stagiaire pendant trois jours espionner la bibliothèque de la mosquée de Mantes-la-Jolie alors qu’elle s’inscrit parfaitement dans le dialogue voulu par les pouvoirs publics, le recteur est élu au Conseil régional du culte musulman, il ne m’apparaît pas qu’il y ait le moindre problème avec le djihad et l’islam radical.”

Des désaccords avec Bernard Rougier

Le professeur à l’université Paris 3 et directeur du Centre des études arabes et orientales n’a pas apprécié le manque de soutien du représentant de l’Etat, alors même que Medhi Berka, recteur de la mosquée de Mantes-la-Jolie, lui cherche des noises judiciaires. “L’étonnant est que le préfet accorde plus de crédit à la parole d’un président d’association qu’à celle d’un universitaire fonctionnaire d’Etat…”, tance Bernard Rougier. Quant aux critiques sur son travail et celui de son équipe formulées par Brot, elles l’irritent franchement : “Je n’ai pas envoyé un ‘stagiaire espionner la mosquée pendant trois jours’. Un membre de mon équipe, qui n’est pas mon étudiant mais un habitant de Mantes-la-Jolie, prie depuis plusieurs années dans la mosquée. Il m’a communiqué le contenu des ” leçons” données par des prédicateurs salafistes durant la semaine (leçons informelles qui réunissaient une quarantaine de personnes). Ces leçons prônaient une rupture avec la société française mécréante. De deux choses l’une – soit les dirigeants de la mosquée connaissaient cette situation et opéraient de la sorte une forme d’accommodement avec les plus radicaux en leur laissant une expression informelle, – soit ils ne le savaient pas. Dans les deux cas, cela pose un problème !”

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“Pour lui, un islamiste radical, c’est forcément un djihadiste”, soupire Rougier. “C’est comme si on était revenu cinq ans en arrière, comme si les attentats n’avaient pas eu lieu, et que la recherche universitaire – qui a montré que la socialisation d’un terroriste comme Mohamed Merah s’était faite dans des écosystèmes islamistes – ne servait rien. On en revient à cette idée de séparation étanche entre djihadistes et autres islamistes. Ce qui est absurde quand on sait qu’il y a une porosité énorme entre ces mouvements”.

Selon un préfet plus indulgent, Jean-Jacques Brot “ne fait que marcher sur les pas de ses prédécesseurs. Dans les structures opérationnelles de l’Etat, on reste dans cette idée qu’il y a les méchants, les djihadistes armées, et que le reste du monde islamiste ne pose pas de problème, et peut même être une solution”. A rebours de l’analyse d’autres services de l’Etat.

L’Express

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