L’auteur, M. Anderson, a été directeur du Bureau des statistiques de la justice, de 2017 à 2021
“Absolument”, avait déclaré le président Biden l’année dernière lorsqu’un journaliste lui a demandé s’il pensait qu’il y avait “un racisme systémique dans l’application de la loi”. Cette déclaration est difficile à concilier avec un mémorandum présidentiel que M. Biden a récemment publié : “La politique de mon administration est de prendre des décisions fondées sur des preuves et guidées par les meilleures données scientifiques disponibles.” Or l’allégation de “racisme systémique dans les forces de l’ordre” défie les meilleures sciences et données disponibles.
Dans un rapport publié quelques jours avant l’investiture de M. Biden, le Bureau des statistiques du ministère de la Justice [BJS] a examiné si les personnes de races différentes étaient arrêtées à un taux disproportionné par rapport à leur implication dans un crime. Le rapport a conclu qu’il n’y avait pas au niveau racial de différence statistiquement significative entre la probabilité que des personnes commettent des crimes violents sérieux et la probabilité qu’elles soient arrêtées. En d’autres termes, les données suggèrent que les officiers de police et les adjoints du shérif se concentrent sur les actions des criminels, et non sur leur race.
[…]Le rapport du BJS n’a pas pris au mot les policiers pour savoir qui commettait les crimes. Il s’est appuyé sur les témoignages des victimes […]
Le NCVS, qui date de l’administration Nixon, est la plus grande enquête sur la criminalité du pays. Ses résultats sont basés sur environ 250 000 entretiens annuels avec des résidents américains, à qui l’on demande s’ils ont été victimes d’un crime au cours des six derniers mois. En outre, le NCVS recueille des données sur les personnes qui commettent des crimes – selon les victimes – fournissant ainsi une source indépendante de données ne dépendant pas des dossiers de la police.
[…] les blancs représentaient 48 % des délinquants et 46 % des personnes arrêtées. Les Noirs représentaient 35 % des délinquants et 33 % des personnes arrêtées. Les Asiatiques représentaient 2 % des délinquants et 1 % des personnes arrêtées. Aucune de ces différences entre le pourcentage de délinquants et le pourcentage d’arrestations d’une race donnée n’est statistiquement significative. (Les données sont limitées aux crimes non mortels car les victimes de meurtre ne peuvent pas identifier leurs agresseurs).Ces statistiques excluent les Hispaniques. Le Bureau de la gestion et du budget de la Maison Blanche classe les Hispaniques comme un groupe ethnique plutôt que racial. Les Hispaniques représentaient 13 % des délinquants et 18 % des personnes arrêtées, une différence statistiquement significative. Mais comme environ 10 % des victimes n’ont pas pu déterminer si leurs agresseurs étaient hispaniques ou non, il est probable que les victimes ont classé certains délinquants hispaniques comme étant blancs, ou peut-être noirs, plutôt qu’hispaniques.
Si l’on exclut les agressions simples, qui ne sont généralement pas poursuivies comme un crime, et si l’on se concentre uniquement sur les crimes non mortels les plus graves signalés à la police (viol ou agression sexuelle, vol et voies de fait graves), les Blancs représentaient 41 % des délinquants et 39 % des personnes arrêtées. Les Noirs représentaient 43 % des délinquants et 36 % des personnes arrêtées. Les Asiatiques représentaient 2,5 % des délinquants et 1,5 % des personnes arrêtées. Là encore, aucune de ces différences entre les délinquants et les personnes arrêtées en fonction de la race n’est statistiquement significative. Les Hispaniques représentaient 12 % des délinquants et 21 % des personnes arrêtées, ce qui était statistiquement significatif. Mais là encore, “les victimes ne connaissant pas l’origine ethnique de leurs agresseurs, même si elles connaissaient leur race”, pour citer le rapport du BJS, “cela peut avoir entraîné une certaine sous-estimation de l’implication des délinquants hispaniques dans les crimes violents”.
Ces statistiques n’indiquent pas que les policiers ne sont jamais racistes. Les policiers, comme dans toute profession, varient du louable au déplorable. Mais ce qu’elles montrent, c’est que l’affirmation de M. Biden sur le “racisme systémique” dans les forces de police américaines est contredite par les meilleures données dont nous disposons sur le sujet.
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