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À la fin de 2019, les premiers bûcherons sont arrivés à Ewegono, un village où vivent neuf familles huaoranis, sur la rivière Curaray, au cœur de l’Amazonie équatorienne. Ils cherchaient du balsa. Cette essence à croissance rapide, dont le bois sert à fabriquer les pales d’éoliennes, connaissait alors une pénurie mondiale. Au début, les villageois “ont attrapé des tronçonneuses, des haches et des machettes pour abattre les arbres”, explique le chef du village, Saúl Nihua. Ils pouvaient gagner jusqu’à 150 dollars [123 euros] par jour, une fortune dans une région où la plupart des gens n’ont pas de travail.

La récolte a très vite dégénéré en foire d’empoigne. Quelques bûcherons ont obtenu des permis avec l’aide des Huaoranis, mais d’autres en ont fabriqué des faux et ont envahi la réserve indigène. Les habitants des localités moins écartées coupaient autant de balsas qu’ils le pouvaient, entassant les troncs en bordure de la route d’Arajuno, la ville la plus proche, raconte Saúl Nihua. Des acheteurs arrivant avec leurs camions payaient à peine 1,50 dollar [1,23 euro] par arbre. “Ils ont massacré la végétation, au mépris des limites légales”, déplore Saúl Nihua, qui reconnaît sa part de responsabilité. Il a en effet encouragé les Huaoranis à gagner de l’argent grâce à ce bois si prisé. L’argent et l’alcool ont coulé à flots et alimenté les violences familiales.

La crise trouve son origine à des océans de là, au sein des plus grandes économies mondiales confrontées à la croissance de la demande d’énergie éolienne. Du fait des objectifs ambitieux limitant le recours aux combustibles fossiles, et des progrès technologiques qui permettent de fabriquer des turbines à moindre coût, la capacité mondiale de l’éolien a connu une croissance de 9 % par an au cours des dix dernières années….

Courrier International

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