Certaines lignes budgétaires sont considérées comme neutres, comme le remboursement de la dette, ou directement en faveur de l’égalité, comme les subventions versées aux associations qui promeuvent le droit des femmes. Pour le reste, soit environ 80% du budget, nous allons collecter ce qu’on appelle des “données sexo-spécifiques”, c’est-à-dire que l’on va regarder qui est le bénéficiaire final de l’action de la mairie mais aussi quel est le média utilisé. Je prends l’exemple d’un musée. Combien y a-t-il de femmes et d’hommes parmi les visiteurs? Les œuvres exposées ont-elles été peintes par des hommes ou par des femmes? Ensuite, on se demande s’il y a des rééquilibrages à prendre. De manière générale, un budget doit remédier aux inégalités. Se poser la question du genre vient renforcer cette démarche.
[…]La budgétisation sensible au genre consiste-t-elle à remettre en cause certains impensés?
Totalement. Ces impensés relèvent d’une ville un peu “andro-centrée”. Les villes ont beaucoup été pensées et construites par les hommes. On remarque, par exemple, que les femmes utilisent surtout l’espace public pour traverser et non stationner, parce qu’elles ont tendance à penser que si elles s’arrêtent, elles seront peut-être moins en sécurité. Il faut travailler sur tout ce qui leur permette de se sentir en sécurité et légitimes dans l’espace public.
Pour la culture, par exemple, il s’agira de regarder combien d’hommes et de femmes visitent une expo, mais également quel est le genre des artistes invités ou encore des personnels qui travaillent à sa préparation. Une fois ce diagnostic réalisé, viendra le temps des rééquilibrages.
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