Vingt-cinq organisations ont écrit le 8 mars à la présidente de la Commission européenne pour lui demander d’agir contre l'”islamophobie gouvernementale” française. Un texte signé par certaines associations au profil trouble qui mêle condamnations de la loi contre le séparatisme et des caricatures de Mahomet.
[…] Pour les organisations émettrices du texte, pas de doute, le gouvernement français produit une “islamophobie” “structurelle” et “systémique”. D’où leur appel à Ursula von der Leyen : “il est impératif que vous preniez un rôle de premier plan en tant que présidente de la Commission européenne pour intervenir dans les lois françaises qui visent les musulmans.”“Agenda raciste et islamophobe”
À la lecture des 56 points de la lettre rédigée en anglais, on comprend que la récente loi confortant le respect des principes républicains, votée à l’Assemblée nationale, est notamment visée. Les associations assènent que le “gouvernement français a exploité l’assassinat de Samuel Paty pour son propre agenda raciste, discriminatoire et islamophobe.” Sans un mot de condamnation de l’attaque ou même de compassion pour le professeur. “Dans le sillage de l’assassinat de Paty, Macron et ses ministres se sont promis de prendre des mesures préventives sévères, et ont dirigé leurs actions vers les musulmans ordinaires. Au lieu de chercher à remédier aux crimes, son gouvernement a opté pour une punition collective” écrit la lettre.
Contactée par Marianne, l’association Cage qui signe le texte explique la démarche au nom de la coalition d’organisations : “La montée du soutien pour l’extrême droite en France est une conséquence de la suspicion constante jetée sur les musulmans et est réminiscente de la plus sombre histoire Française.”
Les signataires pointent également la charte de l’islam. Ce texte soutenu par Emmanuel Macron réaffirme la “compatibilité” de l’islam avec les principes républicains, condamne l’instrumentalisation de l’islam à des fins politiques et rejette toute ingérence étrangère. “Cette charte est discriminatoire par nature” déclarent les signataires […]
Certains signataires interrogent
Mais le plus éloquent est peut-être à chercher du côté des signataires : 25 organisations – au moins l’une d’elles désigne en fait visiblement un individu – issues de 11 pays. Parmi elles : CAGE, une association britannique née en 2003 en dénonçant les incarcérations à la prison de Guantánamo où le “directeur de la sensibilisation” de l’organisation a lui-même séjourné. “Sous couvert de lutte contre l’islamophobie, CAGE est en lien avec la mouvance islamiste internationale, y compris avec la mouvance djihadiste” alerte Gilles Clavreul. […] Plusieurs interventions de Tariq Ramadan figurent d’ailleurs sur la page Facebook de CAGE. Comme une interview de juillet 2018 ou un discours lors d’un évènement en juin 2016.
Sept des associations viennent des Pays Bas, dont un mystérieux “Collectif contre l’islamophobie aux Pays Bas”, écrit en français à la fin de la lettre, et dont le nom rappelle le Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF) dissous en décembre 2020 car accusé de diffuser “avec constance une action de propagande islamiste.” “Toutes ces associations signataires ont des liens avec les Frères Musulmans” affirme Zihni Özdil, historien et ancien député écologiste au Parlement néerlandais […]. “Les Frères Musulmans ne propagent pas la violence ouvertement, leur objectif est de pénétrer les institutions occidentales démocratiques” explique-t-il. Avant de conclure : “Cette lettre est obscène et insultante.”
Trois organisations françaises
En France, le Conseil représentatif des associations noires de France (CRAN) figure parmi les signataires. […] Mais sa légitimité au sein de l’association est contestée. Lova Rinel Rajaoarinelina qui revendique le titre de présidente et assure que Ghyslain Vedeux a été destitué de son poste explique : “Cette lettre je suis vent debout, c’est tout le contraire. Le CRAN affirme qu’il n’y a pas une chasse aux musulmans mais une chasse contre l’islam politique qu’il faut avoir.Beaucoup de gens à cause de ces propos vont penser que la communauté noire est contre la lutte contre l’islam politique.”
Le nom de Lallab figure aussi au bas de la lettre, sans que l’association ait confirmé à Marianne sa participation. Cette organisation se définit comme “féministe et antiraciste” et affirme avoir pour but “de faire entendre les voix et de défendre les droits des femmes musulmanes qui sont au cœur d’oppressions sexistes, racistes et islamophobes.” Enfin, un dernier nom figure : CALAM qui désignerait un média militant, mais là aussi sans confirmation.