Dans un livre, «Encore plus ! Enquête sur ces privilégiés qui n’en ont jamais assez», Louis Maurin fustige l’attitude de ceux qui gagnent plus de 2 600 euros par mois et les gouvernants qui les défendent contre les autres Français.
« Ce livre est né d’une indignation. Celle de voir la France des privilégiés continuer à en avoir “encore plus” quand les classes populaires en ont “encore moins”. La France qui a davantage ne se résume pas à une poignée de riches, qu’elle désigne souvent d’elle-même de sa vindicte. Elle est beaucoup plus large : c’est la France des cadres supérieurs, des diplômés des bonnes écoles, dont une bonne partie vote à gauche […]. À l’autre bout de la hiérarchie sociale […], une France d’employés, d’ouvriers, d’immigrés en partie. Souvent féminine. Entre les deux, les couches moyennes, habituées au progrès, voient leurs revenus stagner, et pour elles le freinage est brutal… »
C’est un livre à la thèse pour le moins dérangeante. Dans Encore plus ! Enquête sur ces privilégiés qui n’en ont jamais assez, Louis Maurin, directeur de l’Observatoire des inégalités, s’en prend aux 20 % des Français les plus aisés, cette classe de « cadres supérieurs salariés » (y compris les journalistes) et d’« indépendants favorisés » (artisans, commerçants ou chefs d’entreprise).
Cette « bourgeoisie économique traditionnelle à laquelle s’ajoute une bourgeoisie intellectuelle, bien assise sur son diplôme », comme la désigne le directeur de l’Observatoire des inégalités, est accusée de faire sécession. […]
A partir de quel niveau de revenus peut-on se considérer comme privilégié ?
A partir de 2.600 nets mensuels après impôts et prestations sociales pour une personne seule. Ce qui représente 19 % de la population française. A partir de 3.500 nets, on entre dans la catégorie des riches. Même si ces facteurs sont à nuancer en fonction de l’âge et du lieu de résidence. Car on n’a pas le même niveau de vie si on dispose de 3.500 nets à 30 ans et qu’on habite en province que si on a ce type de revenus à 50 ans et à Paris. Par ailleurs, il existe des écarts importants de revenus entre les 20 % les plus favorisés.
Quelles autres mesures faudrait-il prendre pour améliorer la situation ?
Instaurer un revenu unique de 900 euros mensuels pour une personne seule sans revenus permettrait d’éradiquer la grande pauvreté et coûterait 7 milliards par an. C’est environ 150 euros de plus que le RSA et les APL et les jeunes de moins de 25 ans y auraient accès. Il faudrait aussi renchérir la taxation des CDD, réformer la fiscalité et le système éducatif… […]
Les entreprises agiront-elles un jour pour réduire la pyramide des salaires, ou est-ce totalement utopique ?
Cela semble difficile à réaliser en temps de crise et en raison de l’émiettement des syndicats. Pour y parvenir, il faudrait que le chômage baisse massivement, ce qui renverserait le rapport de force entre les salariés et les chefs d’entreprise.
Selon vous, chacun de nous peut lutter à son échelle contre les inégalités. Comment ?
En s’opposant à certains discours de haine et aux discriminations, en s’engageant dans des associations d’aide aux personnes en difficulté et plus largement dans toutes celles qui font vivre le lien social (culture, loisirs, sports…).